Le courant unitarien est né au XVI° siècle et a été la "benjamine" des Réformes protestantes. Il se caractérise par une approche libérale, non dogmatique, du christianisme en particulier et des religions en général. Les unitariens sont près d'un million dans le monde entier. En pays francophones (en Europe occidentale : la France et ses oays d'Outre-Mer, la Wallonie, la communauté francophone de Bruxelles, la Suisse romane, Monaco et Andorre ; au Canada : le Québec ; et en Afrique noire), il s'e
Note inédite de Jean-Claude Barbier en date du 3 mai 2004, "Croyants - non croyants". Nous reprenons ce titre pour lancer, avec cette note, une série sur ce site.
S'il existe des Eglises, des associations et des mouvements identitaires au sein de l'unitarisme contemporain, par contre l'acceuil des agnostiques et des athées en recherche spirituelle est de mise pour les services et la participation aux activités. En cela, nous sommes inclusifs. D'une façon plus radicale, au-delà de cet accueil, les congrégations unitariennes-universalistes ouvrent leurs portes indistinctement aux croyances et il arrive souvent que les "humanistes" deviennent majoritaires en leur sein.
Pour un débat en ce qui concerne le christianisme unitarien, voir le Manifeste d'Avignon sur le site de l'AFCU et l'article à la Une de la Correspondance unitarienne "Christianisme d'ouverture et post-christianisme : faut-il inviter les autres à faire partie de nos communautés chrétiennes ?", n° 65, mars 2007.
la fin d'un clivage
La déchristianisation qui touche l’Europe occidentale entraîne une recomposition du religieux dont l’un des effets est d’atténuer, voir même de gommer le clivage croyants - non croyants. Des mouvements, et parfois des Eglises locales, pratiquent désormais un christianisme d’ouverture en accueillant toute personne en recherche spirituelle, sans que soit exigé au préalable une profession de foi au terme d’un catéchuménat.
Inversement, l’athéisme militant a su composer avec la plupart des croyants, dès lors que ces derniers ont pleinement accepté les valeurs d’une société laïque et démocratique.
Un climat d’indifférence théologique s’est d'ailleurs instauré et peu de croyants s’adonnent encore aux polémiques orales ou écrites entre religions et confessions différentes. La plupart des familles sont touchées par le pluralisme religieux, spirituel, philosophique de nos sociétés modernes, et les changements d’appartenance sont désormais admis.
Sur ce fond sociologique, divers mouvements remettent en cause les dogmatiques chrétiennes au nom de la raison (en cela ils sont les héritiers du socinianisme du XVIème siècle), des progrès des sciences naturelles (la terre est ronde et non plus plate, tourne autour du soleil, les espèces animales et humaines sont apparues progressivement et en interaction les unes des autres, etc.) et des sciences des religions (recentrage sur le Jésus historique, meilleure connaissance du judaïsme et du christianisme naissant, etc.). Les croyants disposent désormais d’une exégèse des textes qui fait largement appel aux scientifiques.
Dès lors, des dogmes tombent : le Péché originel, c’est quoi dans le contexte de l’émergence des hominidés ? Et alors que fait-on de l’Immaculée conception s’il n’y a pas eu de Chute à partir d’un paradis ? Et quel rôle attribuer au Christ s’il n’y a plus besoin de rédempteur ? Qu’en est-il aujourd’hui de la représentation anthropomorphique d’un Dieu "père" qui dérangerait ponctuellement les lois de la Nature pour que passe son action providentielle en faveur de tel ou tel dévot ? L’interrogation et le doute, naguère taxés de manque de foi, ne sont plus rejetés ; au contraire, une foi sans doute est celle du " charbonnier " et devient même suspecte d’aveuglement ...
De plus en plus de croyants vivent leur foi comme un engagement personnel, comme un choix de vie, et témoignent des valeurs qu’ils vivent, mais ne considèrent plus leur foi comme une référence universelle et absolue que tout le monde devrait adopter. Ils admettent que d’autres options soient faites et que toutes les sagesses du monde se valent dès lors qu’elles ne sont pas totalitaires et manipulées par des gourous pervers ou des forces politiques. Le prosélytisme apparaît comme un comportement archaïque, un harcèlement déplacé violant notre liberté de conscience et de choix.
Nous avons à réfléchir à l’évolution des mentalités et des comportements dans un contexte citoyen où les sagesses, athéisme inclus, doivent apprendre à cohabiter pacifiquement, à dialoguer sans polémique et à agir ensemble.
quelques enjeux pratiques
Les communautés religieuses doivent-elles ou non s’ouvrir à des personnes agnostiques, voire athées, qui se disent en recherche spirituelle ? L’adhésion aux dogmes, la conversion, le baptême, la situation matrimoniale, sont-ils encore des conditions préalables pour entrer dans une communauté ? Doivent-ils être encore mis en avant ou bien ne sont-ils pas dorénavant inscrits dans des itinéraires spirituels ?
Certains questions morales et éthiques et les débats de société relèvent-ils encore des religions ou bien du politique ? Le christianisme devenant une sagesse parmi d’autres se doit de susciter des débats ouverts, avec d’autres courants religieux ou philosophiques et non plus traiter certaines questions en intra muros. La réflexion doit se faire de plus en plus au niveau de la cité, entre tous les acteurs concernés, renouant ainsi avec l’Agora des villes antiques.