A l’automne 1992 à La Roche sur Foron en Hte Savoie, le thème du synode était " Réunir, partager, témoigner : la fête en tête ! " À cette occasion, mon témoignage fut celui-ci - déjà s’entrouvrait une faille mais l’intuition était sincère, en tout cas c’était la mienne :
"Dieu"… de moins en moins pour moi un Nom précis, un "tu" personnalisé à qui je m’adresse. C’est avant tout une soif, un désir, une quête permanente. Pour des raisons pratiques, j’appelle "Dieu" ce harcèlement spirituel, à la fois drogue et tourment, cette lame de fond qui me laisse rarement en repos.
"Dieu" en moi, c’est la vibration du Sens fondamental : pourquoi la vie ? ma vie ? pourquoi cette planète-là ? pourquoi ce besoin et ce plaisir d’aimer et de donner… d’être aimé et de recevoir ? Pourquoi la violence du mal et sa victoire apparente ? pourquoi cette nécessité – peut-être improbable – d’une alliance historique entre Dieu, le Tout-Autre, et la petite tribu des hommes ? Et si finalement "Dieu" n’était en moi que la métaphore sublime de mes angoisses et de mes rêves, surtout de ce désir communionnel qui s’appelle Eglise ?...
"Dieu", questionnement premier et ultime qui m’arrache à la grisaille, me fait douter des apparences, me pousse sans cesse à creuser, à entreprendre, à dépasser l’accessoire. C’est souvent un Dieu sans visage, sans nom, sans arbre généalogique (pas même judéo-chrétien). Un Dieu sans religion, sans appellation contrôlée, sans servilité ni posture de prière : Dieu-ouverture au Sens, Dieu pure Béance d’amour, décentrement de l’ego. Seigneur, donne-moi de cette eau, que je n’aie plus à puiser… Je suis l’Eau Vive, les vrais adorateurs adoreront en Esprit et Vérité.
Témoignage d'Epikouros, ancien prêtre catholique (1973-1978).