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5 août 2010 4 05 /08 /août /2010 18:30

par Paul H. Beattie, ancien pasteur de First Unitarian Church, Pittsburgh, Pennsylvanie.


La religion unitarienne-universaliste ne comportant aucun credo, il appartient à chaque unitarien-universaliste de décider si la notion de Dieu est un élément essentiel de ses croyances personnelles. Selon la tradition judéo-chrétienne, Dieu était une personne surnaturelle avec laquelle on pouvait communiquer et qui s'immisçait dans le fonctionnement matériel de l'univers. Toutefois, les théologiens les plus savants ont depuis longtemps laissé tomber cette notion. Dieu a effectivement été redéfini de manière à être compatible avec une vision naturaliste du monde. Selon le théologien Paul Tillich, Dieu serait le fondement de l'être. Selon Tillich, Dieu est la structure de tout ce qui existe ou, comme l'affirme le philosophe Alfred North Whitehead, le principe de la concrétion. Henry Nelson Wieman, théologien unitarien-universaliste, voyait en Dieu le principe de la créativité fonctionnant en tout chose. Aux yeux de certains unitariens-universalistes, Dieu serait la Nature même.


Ceux pour qui une terminologie théiste est salutaire, peuvent faire un usage constructif de ces diverses définitions de Dieu, et de beaucoup d'autres encore. Ces redéfinitions vont parfois jusqu'à ne faire de Dieu qu'un idéal humain, comme celle de John Dewey, pour qui Dieu était l'aboutissement total de l'idéal humain.


Il y a un bon nombre de motifs de conserver la notion de Dieu, soit le maintien de la tradition et des communications plus faciles avec les religions traditionnelles. Et surtout, le théiste croit volontiers que la notion de Dieu est un soutien sur le plan émotif et satisfaisante sur le plan intellectuel. Par contre, un bon nombre d'unitariens-universalistes n'estiment pas que la notion de Dieu soit salutaire dans le cadre de l'activité religieuse. Ils sont d'avis que si les religions théistes sont efficaces, c'est non pas parce que les notions métaphysiques traditionnelles seraient vraies, mais parce qu'il y a dans la nature humaine des besoins et des aptitudes fondamentales auxquelles peuvent répondre diverses formules religieuses.


Feuerbach et Freud, parmi les premiers humanistes, voyaient dans les divinités et dans la religion des projections du psychisme humain. L'humaniste élabore une religion ou une conception de la vie sans avoir recours à la notion de Dieu. Selon les humanistes, il y a, pour tout sentiment vécu par un théiste, une émotion équivalente dans le système de référence humaniste. Là où le théiste parle de providence divine, l'humaniste parle de destin; lorsque le théiste parle de grâce, l'humaniste parle de hasard heureux. Lorsque le théiste est mû par les émanations de l'Esprit-saint, l'humaniste vit des "expériences de pointe".


Chacun des unitariens-universalistes emploie les expressions qui lui paraissent les plus utiles pour formuler ses croyances personnelles. Le bonheur que l'on trouve dans une religion ne comportant aucun credo se retrouve largement dans le dialogue significatif où les intéressés partagent divers symboles religieux et dans le rôle qu'ils jouent dans la vie de chacun.


Après des années de recherches, je suis davantage plongé dans une terminologie humaniste pour le domaine de la religion, tout d'abord pour deux raisons. En premier lieu, la notion de Dieu, malgré les ré-interprétations dont elle a fait l'objet, comporte trop d'éléments passéistes. J'estime que le mot Dieu a fait son temps, et qu'il ne vaut plus la peine de le réinterpréter. En second lieu, la notion de Dieu ne peut facilement s'intégrer aux renseignements que nous fournissent constamment les chercheurs et les penseurs actuels. La psychologie, la sociologie, la biologie, l'anthropologie, ce sont là les matières premières à partir desquelles on peut élaborer une religion moderne.

 

Les théologiens se croient tenus de placer la religion sur le lit de Procuste de la notion de Dieu. Je préfère édifier nos croyances à partir des êtres humains et de notre situation sur cette planète, à la lumière des interprétations fournies par des connaissances nouvelles, et non plus sur une théologie formée d'éléments trop périmés pour intégrer pleinement l'état actuel de nos connaissances.

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