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Le courant unitarien est né au XVI° siècle et a été la "benjamine" des Réformes protestantes. Il se caractérise par une approche libérale, non dogmatique, du christianisme en particulier et des religions en général. Les unitariens sont près d'un million dans le monde entier. En pays francophones (en Europe occidentale : la France et ses oays d'Outre-Mer, la Wallonie, la communauté francophone de Bruxelles, la Suisse romane, Monaco et Andorre ; au Canada : le Québec ; et en Afrique noire), il s'e

Religion et spiritualité

par Jean-Claude Barbier, communication au groupe Yahoo « Unitariens francophones », le 2 avril 2010, publié en article à la Une du bulletin de la Correspondance unitarienne n° 107, septembre 2010

Les approches par la religion ou par la spiritualité sont différentes et bien souvent contradictoires. Elles ne manquent pas d'aboutir à des incompréhensions réciproques bien que les religions proclament, non sans témoignages, qu’elles sont porteuses de spiritualité.

La religion repose sur des appartenances de naissance ou d’option, donc des différences dûment établies par rapport à d’autres religions. Une communauté religieuse va s’appuyer sur un credo, une profession de foi, ou du moins une déclaration communautaire. Le membre d’une communauté est censé y adhérer et y croire ; il est tout entier contenu dans la représentation que l’on se fait de son groupe. S’il émet des considérations personnelles qui le font sortir de ce cadre, on dira qu’il est contestataire, dissident, hérétique, voire apostat. Les croyances et les idées sont perçues en premier ; la personne en est porteuse et change d’identité selon leur contenu. A l’extrême, ce n’est même plus à elle d’en décider, mais c’est le regard des autres qui s’en charge ; elle peut ainsi être dépossédée de l’identité qu’elle proclame.

Ensemble 2La spiritualité est au contraire centrée sur la personne, sur son cheminement, sur sa croissance spirituelle (les unitariens-universalistes ont ainsi des groupes de «croissance spirituelle» dont les membres s’entraident chacun dans sa propre voie) *. La personne est en recherche, jamais casée avec une étiquette sur le dos. Elle est sans cesse en mouvement, jamais prisonnière d’un mouvement ou d’une communauté. Elle est sans cesse de passage, en transit, attirée par une transcendance de son choix (la recherche du bonheur de l’être, une perfection morale, la compassion des autres, la participation au mouvement général de la Vie, l’appel entendu de Dieu, etc.).

* ndlr : en août 2010, les unitariens français ont lancé iun groupe Yahoo intitulé "Croissance unitarienne", avec 18 membres à la date du 6 septembre (lien).


Dès lors, ce qu’elle fait ou ce qu’elle dit n’engage qu’elle et non sa communauté en tant que telle. C’est elle-même qui est en relation avec les autres ; elles n’est plus chargée de représenter sa communauté d’appartenance. La personne est perçue pour elle même et non plus pour ses idées ; celles-ci d’ailleurs ne sont qu’une expression temporaire et non plus définitive de la vérité qu’elle recherche. La relation est personnalisée. L’individu devient libre de ses mouvements, peut fréquenter et participer à d’autres mouvances que la sienne … sauf s’il tombe sur des « religieux » qui le traitent d’électron libre et le renvoient vite fait bien fait dans sa case de départ !

Pour faire bref, la religion serait du côté de l'intellect et le spirituel du côté du coeur !

L’unitarisme-universalisme constitue assurément une sortie du religieux. L’ouverture des assemblées cultuelles se fait à toutes les fois, mais non point à toutes les religions ! Celles-ci n’y tiennent pas boutique comme dans une fédération ou le salon d’une foire ou encore un train où chaque religion accrocherait son wagon. L’alimentation y est bel et bien commune, partagée, et non seulement juxtaposée comme dans une auberge espagnole : à la carte, une entraide mutuelle pour la progression spirituelle de chacun.

L’interfaith des unitariens-universalistes n’est pas de l’inter-religieux qui serait en négociation, à la recherche d’un compromis, d’un dénominateur commun, d'un point d'équilibre, d’une synthèse. Il y a bel et bien culte puisque la personne se situe au sein d’une communauté, réunie d’un accord commun, avec des rites de communion (à commencer par l'allumage de notre calice), pour partager dans un même élan de transcendance – même si celle-ci se dit désormais pour chacun dans des langages différents (mais c’est la Pentecôte !) et selon des voies diverses (l’interfaith). Les célébrations libres reposent sur la même dynamique.

En insistant sur les identités des uns et des autres, les rituels de communion et le partage des fois, l’Eglise unitarienne francophone renforce cette approche communautaire à l'image d'une Tour de Babel réconciliée à la fois avec elle même et avec son dieu.

Il va sans dire qu’un forum unitarien va dans le même sens : il est ouvert par définition aux diverses composantes de l’unitarisme contemporain (un grand éventail qui va des athées spirituels – des «humanistes» dans le langage américain – à des chrétiens, en passant par des agnostiques et d’autres croyants), à des sympathisants qui eux aussi nous apportent leur richesse ; également à des électrons libres de mouvances qui ne sont pas pourtant libérales, mais qui peuvent être intéressés à titre personnel par nos débats.

Avec cette approche personnaliste, nous rejoignons la prédication de Jésus qui s’adressait à toute personne : petits enfants, femmes, femmes adultères ou prostituées, fils de riche désireux de conserver son héritage ou fils dépensier revenant après déboires chez son père, notables religieux, docteurs de la loi et humbles pêcheurs des bords du lac de Tibériade, étrangers – Samaritains, Romains – collabos (les publicains comme Lévy), etc.

Lorsque la théologie de la Libération adopte le langage de la lutte des classes, elle a tout faux ! car Jésus s’adressait à chacun indépendamment de son statut social, de son rang, de ses appartenances : s’il y a des peuples à libérer, il faut aller (beaucoup) plus loin car ce sont les personnes elles-mêmes qu’il faut libérer ! Combien de peuples libérés sont devenus (parfois très rapidement) des dictatures (dites «populaires» !) opprimant à leur tour leurs propres citoyens et des peuples voisins. A commencer par le christianisme constantinien qui s’est fait oppresseur des autres religions.

Un unitarisme « religieux » qui n’aurait pas cette approche personnaliste, tournerait vite au dogmatisme et ne ferait guère mieux que les autres religions. Oui, notre attitude envers autrui est plus importante que nos idées et croyances. Paul le disait déjà : la foi sans la charité ne vaut rien !".

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