Au XVIème siècle, les Eglises anti-trinitaires en Pologne-Lituanie et en Transylvanie dérivent des réformes luthériennes et calvinistes et héritent tout naturellement de leurs formes ecclésiales. En Pologne, l’Eglise fonctionne avec des synodes et a des surintendants. En Transylvanie, c’est un évêque qui est à sa tête, en tout premier lieu Ferencz David son fondateur, évêque de 1568 à 1579 (année de son emprisonnement et de sa mort à Deva). C’est un évêque dans la tradition luthérienne, c’est-à-dire élu par un synode réunissant les pasteurs et assisté d’un collège épiscopal où sont prises les décisions.
Attention ! il n’est pas appelé "Monseigneur" comme dans la tradition catholique, mais tout simplement « Révérend » et son attitude reste celui d’un ministre du culte parmi d’autres. Il s’agit seulement d’une fonction et nullement d’un titre lié à un rang supérieur. L’évêque prend sa retraite comme tout autre clerc de son Eglise. Les Eglises locales sont des paroisses et les ministres du culte s’y trouvent affectés par décision de l’évêque. Les traitements sont pris en charge directement par l’administration de l’Eglise.
Dans les pays anglo-saxons, au Royaume Uni, aux Etats-Unis, et autres pays de colonisation anglaise, c’est au contraire la forme congrégationaliste (dans la tradition calviniste) qui a été adoptée à savoir que chaque communauté locale se gère elle-même et choisit son ministre du culte dont elle assure pleinement la charge. Au conseil presbytéral des Réformés correspond pour les unitariens un conseil d’Eglise ; un « président » s’en trouve à la tête et y exerce une fonction de représentation officielle. Le ministre du culte s’occupe de l’enseignement et de l’organisation des offices ; ce n’est pas lui qui dirige la communauté et il n’en a pas la gestion (contrairement à la tradition catholique).
Jusqu’au XXème siècle, les communautés locales se dénommaient chacune « Eglise » (en anglais Church), mais, depuis, certaines ont opté pour la dénomination plus neutre de Société religieuse surtout dans les cas où les chrétiens y sont devenus très minoritaires – mais elles n’en continuent pas pour autant à fonctionner selon le modèle protestant avec des ministres du culte et des sermons ! A noter que cette appellation de Société religieuse a été adoptée par le révérend tchèque Norbert Capek en 1930 (Religious society of Czech Unitarians), pour sa communauté fondée à Prague en 1922 et qui était jusqu'alors une « Religious Liberal Fellowship ».
Les communautés qui n’ont pas de ministre de culte, sont appelées des « fellowship ». Elles font venir des ministres du culte pour leurs propres offices, comme dans le cas des « fellowships » qui composent l’European Unitarian Universalists (EUU), une association membre de l’UUA américaine et qui regroupe les anglophones unitariens en séjour dans les grandes villes européennes (à Paris, Genève, Bâle, Kaiserlautern en Rhénanie, Bruxelles et Amsterdam).
Au niveau national, il existe une « association » dont les Eglises locales sont membres et qui est une instance de coordination mais non de commandement. Au Royaume Uni, ce fut la « British and Foreign Unitarian Association » fondée en 1825 et devenue, depuis 1928, la « General Assembly of Unitarian and Free Christian Churches » après avoir coopté des Eglises « libres » dont la Non-Subscribing Presbyterian Church of Ireland. Aux Etats-Unis, c’est l’Unitarian Universalist Association (UUA) of Congregations (depuis 1961 – et qui est héritière de l’American Unitarian Association AUA constituée en 1825). L’UUA résulte de la fusion de l’AUA et de l’Eglise universaliste américaine (une Eglise fondée aux Etats-Unis à la fin du XVIIIème siècle et qui prônait le salut pour tous). Le Canadian Unitarian Council / Conseil unitarien canadien (CUC) est une division nationale issue de l’UUA et fonctionne sur les mêmes principes et orientations.
Avec la sécularisation, qui rend quelque peu caduque la distinction entre clercs et laïcs, les laïcs pouvant désormais acquérir le même niveau de connaissance (y compris en théologie et en exégèse) que les premiers, des communautés peuvent très bien s’organiser sans ministre du culte. Le culte peut alors être présidé par un simple président de séance et le sermon n’est plus une nécessité. C’est le cas des célébrations libres pratiquées sans prêtre et sans sermon par les communautés catholiques de base (CCB) qui, par exemple, ont été choisies comme modèle par l’Eglise unitarienne francophone pour ses cultes « on line » (lien). Dans ce dernier cas, la révérende Maria Pap, ministre du culte de l’Eglise unitarienne de Transylvanie, est titulaire d’une chaire pastorale où elle peut enseigner (lien), mais elle n’intervient pas obligatoirement par un sermon lors des cultes.
Autre cas de sécularisation, mais selon une logique toute différente : la Deutsche Unitarier Religionsgemeinschaft (DUR) n’a pas de ministre du culte car il n’y a tout simplement plus de culte, mais seulement des réunions et des rencontres.
à suivre ...