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9 septembre 2010 4 09 /09 /septembre /2010 14:58

Voici un texte qui aurait été trouvé dans une église à Baltimore en 1692 et présenté comme étant d’un auteur inconnu ; des propos de sagesse qui ont fait le tour du monde. Traductions en français et en occitan (gascon du Béarn) de Laurent Trouvé (Pau, France)


desiderata.jpgVa tranquillement parmi le vacarme et la hâte et souviens-toi de la paix qui peut exister dans le silence.
Sans aliénation, vis, autant que possible en bons termes avec toutes les personnes. Dis doucement et clairement ta vérité. Ecoute les autres, même les simples d'esprit et les ignorants, ils ont eux aussi leur histoire.
Evite les individus bruyants et agressifs, ils sont une vexation pour l'esprit.
Si tu te compares à autrui, tu deviendras vaniteux ou amer : il y a toujours plus grands et plus petits que toi.
Jouis de tes projets aussi bien que de tes accomplissements. Intéresse-toi à ta carrière, si humble soit-elle, elle est une possession stable au coeur des fortunes changeantes de notre temps. Sois prudent dans la conduite de tes affaires, car le monde est plein de tricherie. Mais ne sois pas non plus aveugle en ce qui concerne la vertu qui existe: beaucoup de personnes se vouent à des idéaux élevés et, de partout, la vie regorge d'héroïsme.
Sois toi-même. Surtout, n'affecte pas l'amitié. Ne sois pas non plus cynique en amour car, il est, en face de tout désenchantement, aussi éternel que l'herbe. Prends avec bonté le conseil des années en renonçant avec grâce à ta jeunesse. Fortifie une puissance d'esprit pour te protéger en cas de malheur soudain. Mais ne te chagrine pas avec tes chimères. De nombreuses peurs naissent de la fatigue et de la solitude.
Au delà d'une discipline saine, sois doux avec toi-même. Tu es un enfant de l'univers, pas moins que les arbres et les étoiles. Tu as le droit d'être ici. Et, qu'il te sois clair ou non, l'univers se déploie sans doute comme il le devait.
Sois en paix avec Dieu, quelle que soit la conception que tu te fasses de lui et quels que soient tes travaux et tes rêves, garde dans le désarroi bruyant de la vie, la paix de ton âme.
Avec toutes ses perfidies et ses rêves brisés, le monde est pourtant beau. Sois en conscient. Tache d'être heureux.

L'inscripcion de Baltimora
Passeja-te en patz entermei le brut e l'òdi.
Per tant qu'ei possible e shens alienar-te; sias en bon termis dab tot lo monde. Ditz a tots la toa vertat; e escota los autes, quitament los pegòts e los ignorants, pr'amor cadun qu'a la soa istòria propria.
Evita los gens brutadèrs e agressius; que son son ua espròva tà l'esperit.
Se te comparas dab los autes, que vaderàs vanitós o amarós pr'amor qu'i aura tostemps mei petitas e mei granas personas que tu.
Profieta de las toas escadudas com deus tons projects. Sias interessat peu ton mestièr, quitament s'ei mòdesta; qu'ei ua vertadèra possecion au miei de las escadenças cambiadèras deu noste temps. Sias prudent des los tons ahars; pr'amor que lo monde qu'ei hart de chicanas. Mes ne sias pas òrb a la vertut: qu'i a hèra de monde que luta tà granas ideas; e de pertot la vita qu'ei plenha d'eroisma.
Sias tu-medish. Especiaument ne simulias pas l'amistosèr. Ne sias pas cinic en amor tanpòc; pr'amor que de cap a tota la sequèra e lo desencantament, qu'ei tant duradèr com l'erba.
Pren a tot doç lo conselh de las annadas, deisha graciosament las causas deu joèner.
Neureish ua fòrça d'esperit enta't protegir contra las maishantas mauescadudas. Ne't deshias pas vàder triste per causa de las toas quimèras. Hèra de paurs que vaden deu flaquèr e de la soletat.
A maugrat d'ua disciplina vertadèra, sias amable dab tu-medish. Qu'ès un mainat deu cosmos, pas mensh que los arbors e las estelas, qu'as lo dret d'estar ací, e que sias o non evident entà tu, n'i a pas dobte que l'univers segueish lo son camin com e cau.
E sustot, sias en patz dab Diu, quina que sia l'imatge que t'en hès, e quins que sian los tons tribalhs e sauneis; per la brutadèra confusion de la vita, mantien la toa amna en patz. Dab totas las soas perfidias e los sons sauneis esbrigalhats, lo monde que demora beth quitament.
Sias prudent. Ensaja d'estar urós.

En fait, ce texte connu en anglais comme « Desiderata poem » a été écrit aux environs de 1920 (certains avancent même la date de 1906), et en tout cas publié en 1927, par un juriste et poète nommé Max Ehrmann (1872-1945), lequel habitait les Hautes terres de l’Indiana aux Etats-Unis.  Après avoir été diffusé dans les années 1940 par un psychiatre soignant les soldats américains de la Seconde guerre mondiale, il a été repris en 1959, pour les membres de sa congrégation, par le recteur de l'église (méthodiste) Saint Paul à Baltimore, dans le Maryland, ville dont la première église (alors en bois) avait été construite en 1692. Le quiproquo provient de ce révérend, Frederick Kates, qui reproduisit ce texte sur un papier à entête de son Eglise « The Old St Paul’s Church » de Baltimore « AD 1692 » - c’est-à-dire fondée à cette date ! Ce document circula sous cette forme parmi ses amis. Puis il est devenu alors un des textes phares du mouvement pacifiste des années 1960. Sur ce, un politicien du parti des Démocrates, Aidlai Stevenson, (candidat par deux fois à la présidence de la république) décéda en 1965 en laissant un exemplaire de ce texte à son chevet, ce qui en élargit considérablement la renommée.

Nonobstant cette rectification historique, qui était nécessaire, ce texte est inspiré et de toute beauté

information apportée par Richard Brodesky, membre de l’Eglise unitarienne-universaliste de Tucson (UUCT), Arizona, Etats-Unis, et Régis Pluchet, secrétaire général de l'Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens (AFCU)


Laurent Trouvé, Richard Brodesky et Régis Pluchet sont membres du groupe « Croissance spirituelle » au sein duquel ces informations ont été données (lien)

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5 septembre 2010 7 05 /09 /septembre /2010 19:43

par Jean-Claude Barbier, communication au groupe Yahoo « Unitariens francophones », le 2 avril 2010, publié en article à la Une du bulletin de la Correspondance unitarienne n° 107, septembre 2010

Les approches par la religion ou par la spiritualité sont différentes et bien souvent contradictoires. Elles ne manquent pas d'aboutir à des incompréhensions réciproques bien que les religions proclament, non sans témoignages, qu’elles sont porteuses de spiritualité.

La religion repose sur des appartenances de naissance ou d’option, donc des différences dûment établies par rapport à d’autres religions. Une communauté religieuse va s’appuyer sur un credo, une profession de foi, ou du moins une déclaration communautaire. Le membre d’une communauté est censé y adhérer et y croire ; il est tout entier contenu dans la représentation que l’on se fait de son groupe. S’il émet des considérations personnelles qui le font sortir de ce cadre, on dira qu’il est contestataire, dissident, hérétique, voire apostat. Les croyances et les idées sont perçues en premier ; la personne en est porteuse et change d’identité selon leur contenu. A l’extrême, ce n’est même plus à elle d’en décider, mais c’est le regard des autres qui s’en charge ; elle peut ainsi être dépossédée de l’identité qu’elle proclame.

Ensemble 2La spiritualité est au contraire centrée sur la personne, sur son cheminement, sur sa croissance spirituelle (les unitariens-universalistes ont ainsi des groupes de «croissance spirituelle» dont les membres s’entraident chacun dans sa propre voie) *. La personne est en recherche, jamais casée avec une étiquette sur le dos. Elle est sans cesse en mouvement, jamais prisonnière d’un mouvement ou d’une communauté. Elle est sans cesse de passage, en transit, attirée par une transcendance de son choix (la recherche du bonheur de l’être, une perfection morale, la compassion des autres, la participation au mouvement général de la Vie, l’appel entendu de Dieu, etc.).

* ndlr : en août 2010, les unitariens français ont lancé iun groupe Yahoo intitulé "Croissance unitarienne", avec 18 membres à la date du 6 septembre (lien).


Dès lors, ce qu’elle fait ou ce qu’elle dit n’engage qu’elle et non sa communauté en tant que telle. C’est elle-même qui est en relation avec les autres ; elles n’est plus chargée de représenter sa communauté d’appartenance. La personne est perçue pour elle même et non plus pour ses idées ; celles-ci d’ailleurs ne sont qu’une expression temporaire et non plus définitive de la vérité qu’elle recherche. La relation est personnalisée. L’individu devient libre de ses mouvements, peut fréquenter et participer à d’autres mouvances que la sienne … sauf s’il tombe sur des « religieux » qui le traitent d’électron libre et le renvoient vite fait bien fait dans sa case de départ !

Pour faire bref, la religion serait du côté de l'intellect et le spirituel du côté du coeur !

L’unitarisme-universalisme constitue assurément une sortie du religieux. L’ouverture des assemblées cultuelles se fait à toutes les fois, mais non point à toutes les religions ! Celles-ci n’y tiennent pas boutique comme dans une fédération ou le salon d’une foire ou encore un train où chaque religion accrocherait son wagon. L’alimentation y est bel et bien commune, partagée, et non seulement juxtaposée comme dans une auberge espagnole : à la carte, une entraide mutuelle pour la progression spirituelle de chacun.

L’interfaith des unitariens-universalistes n’est pas de l’inter-religieux qui serait en négociation, à la recherche d’un compromis, d’un dénominateur commun, d'un point d'équilibre, d’une synthèse. Il y a bel et bien culte puisque la personne se situe au sein d’une communauté, réunie d’un accord commun, avec des rites de communion (à commencer par l'allumage de notre calice), pour partager dans un même élan de transcendance – même si celle-ci se dit désormais pour chacun dans des langages différents (mais c’est la Pentecôte !) et selon des voies diverses (l’interfaith). Les célébrations libres reposent sur la même dynamique.

En insistant sur les identités des uns et des autres, les rituels de communion et le partage des fois, l’Eglise unitarienne francophone renforce cette approche communautaire à l'image d'une Tour de Babel réconciliée à la fois avec elle même et avec son dieu.

Il va sans dire qu’un forum unitarien va dans le même sens : il est ouvert par définition aux diverses composantes de l’unitarisme contemporain (un grand éventail qui va des athées spirituels – des «humanistes» dans le langage américain – à des chrétiens, en passant par des agnostiques et d’autres croyants), à des sympathisants qui eux aussi nous apportent leur richesse ; également à des électrons libres de mouvances qui ne sont pas pourtant libérales, mais qui peuvent être intéressés à titre personnel par nos débats.

Avec cette approche personnaliste, nous rejoignons la prédication de Jésus qui s’adressait à toute personne : petits enfants, femmes, femmes adultères ou prostituées, fils de riche désireux de conserver son héritage ou fils dépensier revenant après déboires chez son père, notables religieux, docteurs de la loi et humbles pêcheurs des bords du lac de Tibériade, étrangers – Samaritains, Romains – collabos (les publicains comme Lévy), etc.

Lorsque la théologie de la Libération adopte le langage de la lutte des classes, elle a tout faux ! car Jésus s’adressait à chacun indépendamment de son statut social, de son rang, de ses appartenances : s’il y a des peuples à libérer, il faut aller (beaucoup) plus loin car ce sont les personnes elles-mêmes qu’il faut libérer ! Combien de peuples libérés sont devenus (parfois très rapidement) des dictatures (dites «populaires» !) opprimant à leur tour leurs propres citoyens et des peuples voisins. A commencer par le christianisme constantinien qui s’est fait oppresseur des autres religions.

Un unitarisme « religieux » qui n’aurait pas cette approche personnaliste, tournerait vite au dogmatisme et ne ferait guère mieux que les autres religions. Oui, notre attitude envers autrui est plus importante que nos idées et croyances. Paul le disait déjà : la foi sans la charité ne vaut rien !".

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30 août 2010 1 30 /08 /août /2010 05:13

  1 – louons Dieu et accueillons la vie qu’il nous a donnée, louons le mystère de la Vie 

 

Jean-Claude-Barbier--portrait--mai-2008.jpgJean-Claude Barbier (chrétien unitarien, Bordeaux) -  

Avec Charles Singer*, disons "Voici le temps".  

Voici le temps pour prier Dieu / et me tourner vers Lui et Lui dire / comme à un ami qu’on retrouve / après un long travail : / Vraiment, Seigneur, / Je suis heureux d’être près de Toi. / Merci pour les vacances ! / Je Te le demande : / Apprends-moi à prendre ce temps / Pour mettre la fraîcheur / dans mon esprit et mon cœur (Charles Singer). 

* Depuis plus d'une trentaine d'années, Charles Singer, prêtre catholique bien connu du diocèse d'Alsace et responsable du Service diocésain de communication Alsace Média, propose des réflexions d'inspiration chrétienne dont la fraîcheur, la poésie et l'actualité séduisent à tout coup.


2 – allumons notre calice et que sa lumière brille

 

lisons notre prière du mois ( lien)


3 – partageons avec nos Frères et Sœurs ce qui est important à nos yeux, à nos cœurs, ce qui est essentiel à notre intelligence des choses et à notre conscience, que ce soit un texte ou autre chose, et trouvons les mots ou les gestes pour le dire.


R-gis-Pluchet--2009.jpgRégis Pluchet (protestant libéral et unitarien, Le Mans, message du 4 août, au forum « Unitariens francophones »).

 

Pour ma part, les textes dits sacrés de toutes les religions me nourrissent spirituellement, tout comme les grands mythes et les légendes qui disent bien des vérités indicibles avec un langage rationnel et plus profondes que certains discours savants profanes ou théologiques. C'est ainsi que le texte de la Création dans la Genèse me parle, mais ce que dit le Tao Te King de l'origine me parle tout autant : son premier chapitre est unitarien avant la lettre.

La vérité que l'on veut exprimer / N'est pas la vérité absolue. / Le nom qu'on lui donne / N'est pas le nom immuable. / Vide de nom / Est l'origine du ciel et de la terre. / Avec nom est la mère des multitudes d'êtres.
Le vide de l'être / Médite la racine de toutes choses. / L'être / Considère ses manifestations. /
Tous deux sont Un / Mais par leurs noms diffèrent. / Un qui est secret / Mystère du mystère / Porte secrète des mystères" (Extrait du Tao Te King de Lao Tseu aux éditions Albin Michel).

 

Roger_Gau.jpgRoger Gau (chrétien unitarien, Toulouse) - Mon message sera celui de Maurice Zundel :
La vraie vie, / C'est la vie éternelle, / Ici, maintenant.

La véritable communion entre les hommes, / c'est l'éclairage de l'Infini, / Ici, maintenant.
Notre véritable demeure, / C'est le "ciel" intérieur, / Ici, maintenant.
Fraternellement


4 – partageons aussi nos souffrances et nos peines


Jean-Claude-Barbier--portrait--mai-2008.jpgJean-Claude Barbier - Notre famille unitarienne est endeuillée par la mort en juillet de Inderias Bhatti, fondateur de la communauté unitarienne du Pakistan ( lien).
  

 

 

 

 

R-gis-Pluchet--2009.jpgRégis Pluchet ( message du 13 août au groupe des "Unitariens francophones" ) -
Michel, le frère de ma compagne, est décédé jeudi 12 août dans l'après-midi. Sa soeur était à ses côtés. Une triste nouvelle, mais aussi une libération pour lui, qui a vécu sept mois entre la vie et la mort, et pour sa soeur qui l'a accompagné.
Il venait de fêter ses 64 ans. Il sera inhumé lundi matin au Château d'Olonne (en Vendée) après une cérémonie à l'église. Nous écouterons un passage des Quatre Saisons de Vivaldi qu'il aimait tant. Merci d'avoir une pensée ou une prière pour l'accompagner lui et sa famille (et notamment pour ses deux fils) ce jour là.


J’ai passé de nombreux moments auprès de Michel, dans les premiers jours du mois d’août. C’était impressionnant de voir ainsi un homme, à peine plus âgé que moi, qui s’en allait inéluctablement vers la mort. Il avait traversé de nombreuses épreuves familiales et sociales, dont celle de l’alcool. Pour moi, c’était l’un de ces « petits » que Jésus aimait et avec qui il nous a demandé d’avoir des relations privilégiées. J’ai relu dans ces jours là le magnifique "Terre et Ciel", un livre où Théodore Monod parle de ses multiples activités et engagements, mais aussi de la vie et de la mort, avec une approche très unitarienne, même s’il n’emploie pas le mot.

 

farida adjoudjFarida Adjoudj (musulmane, département de la Moselle) - Je me trouve à vos côtés pour la deuxième fois et je m'en réjouis ! D'emblée, je présente toutes mes sincères condoléances a Régis Pluchet et son épouse pour la perte d'un membre de leur famille. Paix à son âme et je reste en union de prière avec vous.

 

La période de Ramadhan se termine et je remercie le Très-Haut pour ce temps de ressourcement spirituel et bénédictions ... Parce que, Seigneur, Vous me comblez déjà tant, je voudrais que ce temps de ferveur que je Vous ai consacré rejallisse sur tous ceux qui vous cherchent mais ne vous trouvent pas encore dans leur vie. Que votre lumière les pénètre comme Elle m'a pénétrée par votre immense Grâce, Seigneur merci !


Je pense à toutes ces vies en souffrance d Amour et de Vie, accablés par le sort... Seigneur, Accordez-leur Votre protection et votre éternel Amour ! Gardez mes proches dans la Paix et la santé et l'Amour reconnaissant de Votre Nom ! Soubhan allah ! Amine 

 

Jean-Claude-Barbier--portrait--mai-2008.jpgJean-Claude Barbier - Soyons aux côtés de nos frères et sœurs de la Foi baha’ie (7 millions dans le monde) qui sont opprimés en Iran (où ils sont 300 000) ; pensons aux 47 fidèles qui sont emprisonnées dans ce pays et aux 2 sœurs et 3 frères qui viennent d’être condamnés (le 9 août) à 20 ans de prison sur le seul fait de leur religion.
 

 

 

5 – partageons nos gestes de fraternité et nos rites de communion qui ont valeur universelle 

 

6 – nos autres gestes de solidarité et de fraternité

 

Jean-Claude-Barbier--portrait--mai-2008.jpgJean-Claude Barbier. En envoi vers les autres à la fin de notre communion, je vous propose ce magnifique chant chrétien kabyle Ayen tebyam a wen-itwaxdem, "Faites pour les autres tout ce que vous voulez qu'ils fassent pour vous" (Matthieu 7:12), link




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16 août 2010 1 16 /08 /août /2010 17:53

kamel meziti portraitL’esprit de Ramadhan, par Kamel MEZITI*

*docteur en Histoire (Paris-Sorbonne), directeur du culte musulman de la Marine, membre du Groupe de recherche islamo-chrétien (ICP. Paris), membre de la Conférence mondiale des religions pour la paix.

texte envoyé par l'auteur au réseau de la Correspondance unitarienne le 16 août 2010


[...] le Ramadhan, quatrième pilier de l’islam, incarne avant tout, pour les musulmans, un effort spirituel sur soi-même et  ne peut être réduit à une simple pratique superficielle du jeûne. Invité récemment à m’exprimer à ce sujet sur les ondes d’une radio chrétienne, j’expliquais que le jeûne ou siyam  est  intrinsèquement une démarche intérieure ; il  ne se manifeste pas par une action extérieure, à l’instar des mouvements de la prière ou des actes rituels du pèlerinage par exemple. Cet acte qui implique le for intérieur et  incite à l’humilité et à la sincérité appartient non pas au jeûneur mais à Dieu Lui-même  selon une célèbre formule prophétique :  «Toute bonne œuvre est une expiation. Le jeûne m'appartient et c'est Moi (Dieu)  qui le récompense ».
 

 

Cette pratique ancestrale du jeûne est intégrée dans le dogme même de l’islam, et dès la seconde  année de l’Hégire devient une prescription coranique pour la jeune communauté des croyants : « O vous  qui croyez ! Le jeûne vous a été prescrit comme il l’a été à ceux qui vous ont précédé. Ainsi atteindrez-vous la piété » (S.2, V. 183).


A cet égard, l’islam ne vient pas innover et s’inscrit pleinement dans les objectifs du jeûne établi dans les autres communautés, notamment israélite et chrétienne. Comment en serait-il d’ailleurs autrement dans la mesure où le Coran est considéré par ses adeptes comme « le dernier Testament » et que l’islam n’est que le parachèvement des messages antérieurs, révélé à l’Humanité par le sceau de la Prophétie au 7ème siècle de l’ère chrétienne ?


La pratique du jeûne rituel fait partie en quelque sorte de ce patrimoine universel dans le sillon de  la tradition abrahamique. C’est ainsi que, dans l’Ancien testament, Daniel demande à Dieu d'épargner la sentence pour Jérusalem qui a péché « avec jeûne, sac et cendre » (Dn, 9, 3). Moïse jeûne quarante jours et quarante nuits pour supplier Dieu d'épargner son peuple qui s'est perverti avec le veau d'or (Dt, 9). Quant à Jésus, « il fut emmené au désert par l'Esprit, pour être tenté par le diable. Il jeûna durant quarante jours et quarante nuits, après quoi il eut faim » (Matt. 4 : 2).


Le jeûne, on le voit donc, ne constitue pas une spécificité de l’islam même si ce dernier lui a accordé une base doctrinale forte. La Vierge Marie (Esseyida Meryem), qui occupe une place prépondérante dans l’islam, est mentionnée dans le Coran dans la sourate éponyme au sujet de  la nativité de Jésus : « Lorsque tu verras (O Marie !)  quelque  mortel, dis : "J'ai voué un jeûne (de la parole) au Miséricordieux ; je ne parlerai à personne aujourd'hui" »  (S.19, V.26). Il n’est donc pas étonnant que, autant d’un point de vue théologique qu’historique, le concept de « jeûne » trouve toute sa place dans le lexique et la syntaxe coraniques.


Ramadhan, neuvième mois lunaire du calendrier islamique, devenu par extrapolation synonyme de jeûne par excellence, constitue un ressourcement inépuisable. Témoin de la première révélation du Coran pendant la Nuit du destin (Laylatoul Qadr), il représente aussi un moment très fort de la dévotion musulmane, notamment après la prière de la nuit qui se prolonge précisément avec la lecture du texte sacré, lu intégralement à l’issue du mois sacré à la mosquée avec la communauté des croyants.


L’une des finalités du  jeûne consiste à prémunir le croyant du péché : il permet de réprimer la convoitise de la chair, que ce soit d'ordre sexuel, gastronomique ou autre. Ainsi l’ensemble du corps est convié au jeûne et chaque organe a une abstinence qui le caractérise : la langue, les yeux, les oreilles ...

 
Le siyam est donc un des instruments de la foi puisqu’il permet au croyant de s’élever spirituellement, en se détachant de ses passions pour mieux se réorienter vers le Créateur. Lesquelles passions sont assimilées au Veau d’Or ou autres idoles, constituant ainsi un obstacle au salut de l’homme. Le Coran est explicite en la matière : « As-tu vu celui qui a pris ses passions pour divinité ? » (S. 25 V. 43).

                                              
Jeûner implique donc le contrôle  des pulsions négatives, l’encadrement de l’ego pour l’inviter à renouer avec le Très-Haut et ainsi atteindre cette quiétude intérieure qui trouve sa consécration à travers l’invocation divine ou dhikr, conformément à l’invitation coranique : " N'est ce pas avec le souvenir de Dieu que les cœurs s'apaisent " (S. 13 V. 28).  On l’aura compris l’observance des conditions extérieures du jeûne, bien que nécessaire, est loin d’être suffisante pour en faire un acte ayant une véritable portée spirituelle.

 
Jeûner, c'est donc jeûner non pas avec son estomac seulement, mais avec tout son corps, et surtout son cœur. De nombreuses références de la Sunna viennent confirmer cette vérité, inhérente à la sagesse divine.


« Le jeûne est un bouclier. Lorsque l’un de vous jeûne, qu’il ne prononce pas de paroles obscènes et qu’il ne se mette pas en colère. Si quelqu’un l’insulte ou l’agresse, qu’il dise : « Je jeûne » deux fois. » (hadith consensuel narré par Abû Hurayrah).
 « Celui qui n’abandonne pas le mensonge et les mauvaises actions, alors Dieu n’a pas besoin qu’il abandonne sa nourriture ni sa boisson. » (rapporté par Al-Bukhârî).
Un autre propos du Prophète  « Combien de jeûneurs ne récoltent de leur jeûne que la faim et la soif ! » (rapporté par Al-Bayhaqî).
On attribue, aussi, à `Umar Ibn Al-Khattâb, deuxième khalife de l’islam la formule suivante : « Le jeûne ne consiste pas à se priver de boisson et de nourriture uniquement, mais il   consiste également à s’abstenir du mensonge, de la fausseté et des paroles futiles. »
Ainsi les Compagnons et les Ancêtres pieux (Assalafou assalih) oeuvraient à travers la pratique rituelle du jeûne à purifier leurs âmes et leurs sens de tout péché et de toute transgression.


S’élever vers Dieu et gagner en humanité ...


C’est un mois d’effort pour retrouver le sens de l’effort. Véritable acte d’adoration et de méditation pieuse le siyam appelle au respect de quelques règles : soustraire son regard de tout ce qui est blâmable et réprouvé, retenir sa langue du bavardage, du mensonge, des insultes ; ne pas tendre ses oreilles pour écouter ce qui est réprouvé car ce qu’il est interdit de dire, il est aussi interdit de l’écouter ; préserver tous les autres organes de tout péché, et ne manger que des aliments licites ; et enfin se maîtriser lors de la rupture du jeûne le soir venu et manger sans excès en pensant à celui qui n’a pas la chance de boire et manger tout au long de l’année… Louer le Seigneur pour ses bienfaits dont tout le monde ne bénéficie pas.


En outre, ce mois sacré invite le croyant à s’éloigner des aspirations égocentriques (malheureusement caractéristique encore plus criante de notre monde globalisé et individualiste)  et s’accompagne de notions de partage et de générosité. La sunna (la Tradition prophétique) établit ceci :

 

« La meilleure des aumônes est celle faite pendant Ramadhan…Les anges prient durant Ramadhan sur celui qui offre de quoi rompre à un jeûneur en lui procurant une nourriture et une boisson licites, et l’ange Gabriel lui serre la main lors de la Nuit du Destin. On demanda alors au Prophète : « O Envoyé d’Allah ! Qu’en est-il pour celui qui n’a pas de quoi offrir un repas ? »
- Qu’il offre un peu de nourriture.
- Et s’il n’en a pas ?
- Qu’il offre du lait coupé d’eau.
- Et s’il n’a même pas cela ?
- Alors qu’il offre au moins une gorgée d’eau » (hadith Al Bayhaqi)

« Une gorgée d’eau » pour se prémunir contre soi-même,  pour mieux penser à l’autre, qui non loin ou  à l’autre bout du monde « jeûne », contraint et forcé par la Providence ou  l’égoïsme des hommes.
Ramadhan, un  mois de solidarité et de partage, pour Dieu et avec les hommes.

« Le jeûne que je préfère, n'est-ce pas ceci: dénouer les liens provenant de la méchanceté, détacher les courroies du joug, renvoyer libres ceux qui ployaient, bref que vous mettiez en pièces tous les jougs! N'est-ce pas partager ton pain avec l'affamé? Et encore: les pauvres sans abri, tu les hébergeras, si tu vois quelqu'un nu, tu le recouvriras: devant celui qui est ta propre chair, tu ne te déroberas pas » (Esd, 58, 6--7).

Le musulman fait sienne cette formule biblique en parfaite harmonie avec l’esprit de Ramadhan, « … mois de la patience, du don. Mois dont le début est miséricorde, le milieu pardon et la fin affranchissement du feu de l’Enfer » (hadith Al Bayhaqi).

Après tout peut-être s’agit-il ici-bas de s’affranchir de nos passions et de notre indifférence ... Ainsi soit-il, Amine !

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8 août 2010 7 08 /08 /août /2010 06:30

Cela peut être des cartes de visites, un bloc papier pour correspondance, des étiquettes collantes, des calendriers poster ou muraux, des stylos bille personnalisés,  des tea shirt, etc. Vous pouvez trouvez tout cela à des prix très intéressants sur le site de Vistaprint.

 

Pour un lot de 250 cartes de visite, les frais de productions des bas de gamme sont même gratuites ! Il reste seulement à payer les frais d'envois (soit 6,28 euros pour la France et 8,32 pour un autre pays européen). Pour les cartes de visite personnalisées, il faut compter des frais de production (5,96 euros + frais d'image). Un devis est en tout cas fourni au cas par cas.

 

Voici un exemple de carte de visite réalisée avec le logo de notre Eglise

 

EUfr--carte-de-visite.jpg

 

Notre Eglise vous propose de vous rendre gracieusement les services suivants :

1 - s'occuper de votre commande de A à Z

2 - faire la mise en page des textes (nom, adresse, etc.) et de l'image (celle-ci est gratuite s'il s'agit du logo de notre Eglise)

3 - vous communiquer le devis

4 - procéder au règlement

5 - vous recevrez votre commande directement chez vous (compter au maximum une vingtaine de jours pour les envois en tarif économique)

 

En échange, nous vous invitons à ajouter à vos frais un don à votre convenance en faveur des communautés unitariennes francophones d'Afrique à qui nous pourrons ainsi envoyer gratuitement des produits qui pourront leur servir afin de mieux se faire connaître. Pour nous faire part de votre intention : contact

 

Préparez dès maintenant votre fin d'année et vos voeux de Nouvel An !

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5 août 2010 4 05 /08 /août /2010 19:14

Compilation réalisée par Doris Hunter dans les années 2000 *. Doris Hunter, dans ces années là, était pasteur émérite à la First Universalist Society, Rockport, Massachusetts. Présentement, elle est co-responsable du chapitre de l'International Association of Religious Freedom (IARF) aux Etats-Unis.

* La traduction de ce document a été rendue possible grâce à une subvention de la Convention universaliste de l’État de New York et mise en ligne sur le site du Mouvement unitarien-universaliste au Québec (MUUQ) ; reproduction autorisée sur le site de notre EgliseVersion en pdf sur le site du MUUQ.
 
Etats-Unis--calice-sur-vitrail-2.jpgAu cours de siècles, des femmes et des hommes ont tenté de formuler leur expérience de la divinité. Les uns, les yeux tournés vers le ciel, se sont écriés : "Dieu, Père toutpuissant". D'autres se sont repliés sur eux-mêmes et ont chuchoté "Om". D'autres encore, conscients du caractère intimidant et mystérieux de la présence divine, ont choisi de ne pas verbaliser cette expérience.


Aujourd'hui nous, héritiers de la tradition unitarienne-universaliste, rejoignons la postérité de ceux qui, depuis toujours, tentent d'identifier et de comprendre notre expérience de ce qui est ineffable et transcendant. Nous cherchons à nous libérer des notions patriarcales et anthropomorphiques de Dieu. Nos tentatives ne sont pas toujours couronnées de succès. Toutefois, elles reflètent de façon réaliste notre volonté de trouver, dans ce mot "Dieu", des dimensions nouvelles.


Les six textes qui suivent témoignent de cette lutte en vue de trouver des notions de Dieu qui seront dynamiques, et qui seront pertinentes dans le contexte des sociétés de notre époque.


1 - "Au coeur du réel", par Arthur Foote, pasteur émérite à la Unity Church, St-Paul, Minnesota


2 - "Une création permanente", par Ann Fields, éducatrice religieuse, ancienne directrice des programmes pour enfants de l'Unitarian Universalist Association (UUA) of congregations


3 - "Difficile à exprimer", par Richard A. Kellaway, pasteur, First Unitarian Church, New Bedford,Massachusetts


4 – "L'expérience humaine", par Alice Blair Wesley, pasteur unitarienne-universaliste, a exercé ses fonctions auprès d'Eglises au Maryland, au New Jersey et au Texas.


5 - "Le choix personnel", par Paul H. Beattie, ancien pasteur de First Unitarian Church, Pittsburgh, Pennsylvanie


6 - "La lutte intérieure", par Marni Harmony est une pasteure unitarienne-universaliste ayant exercé ses fonctions auprès d'Eglises dans le Maryland, en Pennsylvanie et au Wisconsin.

 

à suivre

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5 août 2010 4 05 /08 /août /2010 19:06

par Arthur Foote, pasteur émérite à la Unity Church, St-Paul, Minnesota


À mes yeux, écrivait James Martineau, éminent unitarien anglais, il faut avouer que c'est une très grande chose de croire en Dieu tout simplement. Il est sûrement difficile d'éviter sincèrement de croire en Lui et de le faire comme il se doit. Mais il est impossible de comprendre vraiment la portée de cette croyance. Il ne s'agit pas de la professer à la légère, mais de chercher en toute humilité à y parvenir. On peut la trouver non pas à la fin d'un syllogisme, mais aux sources les plus intimes et les plus pures de nos sentiments. Elle n'est pas un don instantané de l'intelligence, mais le prix que doit mériter une vie d'amour et de courage.


Je trouve aussi qu'il est difficile de croire en Dieu puisqu'on ne peut éviter sincèrement de croire en Lui mais qu'il est difficile de le faire comme il se doit. Pour ce qui est des dieux, j'estime que ce sont tous des créations humaines, et ne crois nullement à la réalité du surnaturel. Le mot "Dieu" ne signifie donc pas, à mes yeux, l'Être Suprême, une Personne Divine. Il est l'affirmation d'un principe cohérent et rationnel au sein de la vie et de l'univers. Il illustre ma conviction selon laquelle, malgré les tragédies personnelles et l'absence de toute solution définitive, la vie vaut véritablement la peine d'être vécue, et la réalité est au plus haut point valable.


Tous les dieux, y compris celui du judaïsme, de la chrétienté et de l'islam, sont issus de notre expérience d'un aspect divin de l'existence, de notre sensibilisation à une réalité sacrée. Nous pouvons laisser tomber les anciens symboles, mais nous connaissons encore la soif de vérité, des bienfaits de l'amour et de la beauté, et l'impératif moral au fond de nous-mêmes. Pour désigner tout cela, on a le plus souvent recours au mot "Dieu".


Le sens de ce mot évolue et s'accroît selon notre compréhension de ce qu'il représente. Mais la variété de ses acceptions ne me porte nullement à l'abandonner. Tout comme le mot "amour", il paraît quasiment indispensable, car il s'entoure de plusieurs notions essentielles. C'est le mot de la piété. Je comprends pourquoi, de nos jours, un bon nombre de personnes hésitent à l'employer. On peut difficilement en bannir les connotations anthropomorphiques et surnaturelles. Cependant, il est plus dangereux de l'abandonner que de la conserver. Si nous entendons vivre sur le plan religieux, c'est-à-dire en contact avec l'ensemble de la réalité, en faisant preuve de sensibilité, de gratitude et en toute confiance, il nous faut un vocabulaire évoquant nos sentiments et exprimant notre enthousiasme. Nous avons besoin du langage de la poésie tout autant que du vocabulaire scientifique.


Dieu est non pas une proposition à démontrer, mais une réalité à ressentir. Il est non pas quelque chose à définir, mais une réalité à connaître dans le cadre d'un engagement de l'esprit envers la vérité, dans le cadre des exigences de la justice, de la prédominance de la beauté, et du caractère sacré de l'amour.

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5 août 2010 4 05 /08 /août /2010 18:48

par Ann Fields, éducatrice religieuse, ancienne directrice des programmes pour enfants de l'Unitarian Universalist Association (UUA) of congregations


Dieu est le mot que j'emploie pour faire allusion à la source de l'émerveillement et du sens du mystère que je ressens en réfléchissant au fait que j'existe. Je pense, donc je rends hommage.


Au moment où je songe à la série de miracles qu'à la légère on appelle la vie, où je vis la permanence de ma propre conscience, d'un "moi" insaisissable qui transcende, semble-t-il, la naissance et la mort des cellules de mon cerveau; au moment où j'envisage la progression irrésistible de l'évolution du cosmos, cette histoire incroyable de la matière inerte ayant donné naissance à des créatures vivantes, sensibles, pensantes, rêveuses…J'ai le sentiment d'une réalité spirituelle qui ne cesse de déferler et de s'accroître. J'estime que nous possédons une conscience collective qui, à chaque instant, s'enrichit et devient plus vibrante, à mesure que l'univers prend conscience de lui-même.


C'est à ce phénomène que je donne le nom de Dieu – l'évolution spirituelle du cosmos, le libre flux de la création. Dieu est le déploiement, la potentialité, la nouveauté. Tout n'attend que de devenir un sacrement, déclare le pasteur unitarien-universaliste Jacob Trapp.


Il m'est difficile d'employer Dieu comme un substantif lequel doit, selon l'enseignement que j'ai reçu, désigner quelque chose: une personne, un lieu ou une chose. Un substantif doit dénoter, définir, délimiter. Il est de caractère statique, ne convenant nullement à mon sentiment du divin.


À mes yeux, Dieu est un verbe. Tirant une métaphore de la ponctuation, Dieu est non pas un point final, mais un point d'interrogation ou un point d'exclamation. Dieu n'est pas la réponse au mystère de la vie; c'est le fait de reconnaître ce mystère.


Contrairement à la divinité de la plupart des traditions, mon Dieu à moi est non pas éternel, mais émergent. Il est le processus de création permanente qui constitue le drame du cosmos. Chacun de nous participe à ce drame, à titre de figurant, en improvisant, en répondant à autrui, en inventant à chaque instant le déroulement de ce drame. Dans le cadre de mon image, Dieu n'est ni l'auteur, ni le directeur, mais l'énergie que déploient les acteurs au cours du dialogue.


Dieu est l'alternance créatrice, comme l'a déclaré l'illustre théologien Henry Nelson Wieman. Il est le processus selon lequel nous nous écoutons les uns les autres et apprenons les uns des autres et arrivons ainsi à de nouveaux degrés de sensibilisation sur le plan spirituel. Chacun d'entre nous possède une position avantageuse par rapport au monde réel. Le fait de partager nos connaissances nous enrichit tous et agrandit les horizons de chacun d'entre nous. Le monde est rempli de choses magiques, qui n'attendent patiemment qu'une plus grande lucidité de notre part, a déclaré Eden Phillpotts, auteur britannique d'un grand nombre d'ouvrages.


Ce phénomène de la conscience en expansion doit avoir lieu chez les individus d'autres espèces, tant sur notre planète que partout où existe la vie douée de sensation. J'estime qu'à la longue, ce processus est bienveillant. Malgré les tourbillons d'hostilité, de concurrence et de violence chez les individus comme chez les espèces, il semble y avoir, dans l'ensemble, un progrès dans le sens de l'amour, de l'altruisme, de la réciprocité, de la coordination – dans le sens de l'intégrité et de la sainteté. Un jour, lorsque nous aurons maîtrisé les vents, les marées et la gravité, nous offrirons à Dieu les énergies de l'amour, écrit le philosophe Teilhard de Chardin. C'est alors, dit-il que pour la deuxième fois dans l'histoire du monde, nous aurons découvert le feu.


Défiant l'entropie, défiant la probabilité, Dieu, comme l'écrivait Samuel Longfellow, est la vie qui renouvelle toute chose. Lorsque je reconnais la présence de Dieu oeuvrant par mon entremise, j'ai le sentiment d'une noble aventure et d'une éternelle validité.

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5 août 2010 4 05 /08 /août /2010 18:43

par Richard A. Kellaway, pasteur, First Unitarian Church, New Bedford, Massachusetts


Toute vie religieuse est tout d'abord une expérience vécue, et les symboles religieux sont une tentative d'exprimer cette expérience. Depuis les origines de l'humanité, on a créé des dieux afin de personnifier les sommets et les profondeurs, les joies et les désastres de la vie humaine. Les caractéristiques attribuées à un dieu en disent habituellement plus long sur celui qui y croit que sur la divinité elle-même. Lorsque nous étudions le contraste entre la théologie de Jean Calvin et celle de Ralph Waldo Emerson, nous en apprenons davantage au sujet de ces deux auteurs que sur la nature de Dieu. Les individus et les religions ont, depuis ses origines, étendu et formulé le sens du mot "Dieu". Et pourtant, j'estime que ce mot n'est pas facile à employer.


Lorsque j'entends parler et lorsque je parle de Dieu, cela évoque un bon nombre d'images effrayantes et ridicules ayant peuplé mon enfance et je soupçonne qu'elles ont peuplé celle de plusieurs de mes interlocuteurs. Ce mot crée plus de confusion qu'il m'apporte d'éclaircissements. S'agit-il du Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob ou du dieu du processus cosmique? S'agit-il d'un bon dieu luttant contre le mal au sein de la création ou d'un dieu englobant tout le réel, la création tout comme la destruction ?


Lorsque je tente d'exprimer ce que j'ai vécu au cours de moments décisifs de mon existence, j'ai le sentiment d'être proche de ce que d'autres appellent Dieu. À la suite de la lutte ardue que nécessite l'acceptation joyeuse et divertissante du moi qui se dissimule derrière mes masques, il y a des moments où je puis sortir de ma réserve afin d'établir des liens avec autrui. Tout à coup, j'ai le sentiment de l'unité qui existe entre moi-même, la nature et l'humanité. J'ai le vif sentiment que la même énergie se retrouve en moi-même tout comme dans les astres, dans les intempéries et chez les oiseaux de mer. Au cours de tous ces moments je ressens qu'il y a, au coeur même du réel, une vitalité qui englobe tout. Je fais partie d'un processus gigantesque, tantôt merveilleux, souvent dévastateur. Alors même qu'à la longue il détruira mon identité personnelle, j'ai le sentiment que rien n'est définitivement perdu, que toute action est liée, de façon inextricable, au vaste enchaînement de l'être. Quel qu'il soit, ce que nous appelons Dieu existe en moi, pour le meilleur ou pour le pire. J'ai la liberté de choisir, mais je suis toujours responsable.


La religion, lorsqu'elle fige l'expérience par l'exercice de l'autorité, afin de dissimuler des décisions humaines sous le voile de sanctions divines, cause le plus grand tort à l'humanité. Trop souvent, noms et croyances se substituent à l'expérience et aux élans sincères. La réalité que nous avons personnifiée sous la forme de dieux n'existe pas sur des maîtres-autels et dans des textes anciens. Elle est l'éternelle immobilité sous-jacente au changement et à l'énergie créatrice du processus cosmique. Puissions-nous aller au-delà du langage afin de vivre cette réalité.

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5 août 2010 4 05 /08 /août /2010 18:37

par Alice Blair Wesley, pasteur unitarienne-universaliste, a exercé ses fonctions auprès d'Eglises au Maryland, au New Jersey et au Texas.

Je suis l'auteur d'une pièce de théâtre devant être jouée dans une église. Le personnage principal était incapable de prier, bien qu'il l'ait souhaité ardemment. Ses normes sur le plan intellectuel lui interdisaient d'accepter la seule notion de Dieu dont il était conscient. Et pourtant, sans la moindre gêne, il employait constamment le mot Dieu! comme un juron. Les frustrations de cet individu ont pris tout d'abord la forme de l'humilité, puis celles du discernement et de la joie après qu'il eut avoué qu'en disant "Dieu!" il exprimait une vérité existentielle qui était bien la sienne. Pour lui, cette vérité existentielle était difficile à atteindre. Elle différait juste assez de ce qu'il avait été capable d'accepter pour la rendre quasi inaccessible. Ma pièce de théâtre mettait en scène la mentalité de notre époque, honnête mais confuse et assoiffée sur le plan spirituel, qui en vain est à la recherche de Dieu. Par la suite, le point de mire est non plus ce qu'il nous est impossible de croire, mais ce que nous vivons déjà sans le reconnaître.


Une bonne part de ce que l'on dit de Dieu est confus et dénué de sens, ayant été coupé de son contenu vital. S'il doit de nouveau avoir un sens, nous devons en retracer les racines dans la subjectivité humaine. On ne peut "démontrer" une expérience vécue. Mais on peut en vérifier la cohérence à la lumière de notre expérience et de celle d'autrui. En faisant preuve de rigueur sur le plan rationnel, nous pouvons ensuite affirmer qu'une réalité objective correspond à ce qu'il y a de divin et de sacré dans notre vie.


Je décris comme suit les expériences concrètes sur lesquelles se fonde un discours valable au sujet de Dieu.  

 

Il y a, en premier lieu, le respect mêlé de crainte, le sentiment d'une dépendance totale à l'égard de ce mystère, auteur de l'être au sein duquel nous vivons. Le fait d'oublier ce mystère risque de nous appauvrir, mais nous ne pouvons nous en séparer. C'est une réalité.


En deuxième lieu, il faut se rendre compte que la réalité nous impose des impératifs sur le plan moral. Ces impératifs comportent une foule de nuances: la relativité sur le plan historique, le conditionnement social, les mécanismes biologiques de stimulus-réponse, la libido, etc. À la longue, notre conscience exige de rechercher et de dire la vérité, de créer de la beauté, et de rendre justice à autrui dans un esprit de compassion: ce sont là les impératifs naturels de l'existence humaine. Ces impératifs, nous n'en sommes pas les auteurs, nous sommes incapable de les manipuler au delà d'un certain minimum. Sinon, nous sommes manipulés vers le chaos de la désintégration sur les plans psychologique et social. Ce sont là des réalités.


Il y a, en troisième lieu, l'expérience de la liberté. Les choix s'offrent à nous, en grand nombre ou en petit nombre, mais ils sont réels. Il nous est loisible de réagir à ces impulsions par un épanouissement dans le cadre du culte. Nous devons obéir aux exigences de notre conscience. Cette liberté, nous ne l'avons pas créée, il ne nous appartient pas de la manipuler, bien que nous puissions en user ou en abuser. C'est une réalité.


En quatrième lieu, il y a l'expérience de la libération. Nous sommes des êtres foncièrement sociables. Nous sommes toujours, dans une certaine mesure, captifs des conséquences que produisent les abus de liberté, de notre part et de la part d'autrui. Nous sommes captifs des limites de notre esprit. Et pourtant, à maintes reprises, aussi bien sûr le plan personnel que sur le plan historique, nous avons connu le renouveau, inspiré par la liberté, qui surmonte ces conséquences et formule des idées nouvelles et créatives qu'ils appliquent à l'ordre social. Les notions des objectifs divins au cours de l'histoire de l'humanité découlent du sens de l'orientation inhérente à l'expérience de la libération. Le sens de l'orientation, tout comme la connaissance des possibilités de la trahir, sont des réalités.


À mes yeux il ne peut y avoir qu'une seule réponse à toutes ces réalités de l'expérience humaine – une exclamation empreinte de vénération – Toi mon Dieu!

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  • : Eglise unitarienne francophone
  • : Le courant unitarien est né au XVI° siècle et a été la "benjamine" des Réformes protestantes. Il se caractérise par une approche libérale, non dogmatique, du christianisme en particulier et des religions en général. Les unitariens sont près d'un million dans le monde entier. En pays francophones (en Europe occidentale : la France et ses oays d'Outre-Mer, la Wallonie, la communauté francophone de Bruxelles, la Suisse romane, Monaco et Andorre ; au Canada : le Québec ; et en Afrique noire), il s'e
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