Question juridique : le fait de se dire " Eglise " n’impose-t-il pas un statut juridique et une déclaration en bonne et due forme ?
Sur la toile, il existe déjà des blogs et des sites qui s’intitulent " Eglise " sans qu’il y ait pour autant, derrière, un lieu de culte ou une Eglise correspondante organisée concrètement. Pour ceux que j’ai pu consulter, il s’agissait très probablement de lancer une Eglise sur la toile afin de faire connaître une nouvelle dénomination, en attendant mieux, à savoir sa concrétisation sur le terrain à plus ou moins long terme en un lieu donné.
Notre cas est tout à fait différent puisque les communautés unitariennes existent déjà sur le terrain et que notre Eglise n’a nullement vocation à les chapeauter ou à les englober. Il s’agit d’un site portail qui renvoie principalement aux uns et aux autres et qui propose un espace commun d’information, de prière, etc. C’est dire que l’Eglise unitarienne francophone restera sur la toile, sera un point de référence, mais ne générera pas de nouvelles communautés locales qui dépendrait directement d'elle. Les services cultuels, par exemple, sont l’affaire des communautés concrètes et non de notre ressort. Nous pourrons seulement guider un demandeur vers l’adresse la plus adéquate.
Pour reprendre l’expression amusante d’un ami, elle n’aura donc jamais de toit !
Elle n’en sera pas moins concrète avec des textes, des documents, des photos, des adresses, des références mis à la portée de tous, ainsi qu’une équipe de responsables (un conseil d’Eglise) pour seconder et encadrer les efforts du fondateur et gestionnaire (en l’occurrence la Correspondance unitarienne). D’une Eglise, elle n’aura pas le ou les lieux de culte, mais elle en aura la visibilité (sur la toile) et la communauté des coeurs (au niveau de notre francophonie).
A ce niveau, on ne voit pas ce qu’apporterait une déclaration juridique.
Si un jour celle-ci s’avérait nécessaire, ce serait, pour la France, la loi 1901 des associations non lucratives qui serait la plus adéquate. Celle de 1905 portant sur les associations cultuelles exige en effet que l’Eglise ait ou moins un lieu de culte réunissant régulièrement un minimum de 20 fidèles. Elles ont alors comme avantages la possibilité de recevoir des legs, de percevoir des dîmes et de faire des quêtes, de bénéficier aussi d’une remise de la TVA, etc. (toutefois en échange d’un contrôle annuel des comptes). On peut d’ailleurs penser que, par suite de la baisse drastique de la pratique religieuse, certaines ecclésioles qui se sont inscrites sous cette loi - et tiennent à ces avantages - auront bien de la difficulté pour atteindre le seuil minimal !
En effet, d'’une façon plus générale, on assiste à une mutation globale de la vie relationnelle dans le domaine religieux :
La pratique se fait beaucoup plus épisodique et ne sera plus aussi régulière, les rassemblements évènementiels (des Journées, des pèlerinages, des AG et synodes, etc.) sont privilégiés au détriment de la fréquentation dominicale (le week-end est devenu pour beaucoup une période de loisirs et de déplacement), les évènements familiaux (naissance, mariage, obsèques) continuent certes à mobiliser les gens mais leur rapide sécularisation font que les lieux de culte sont de plus en plus court-circuités.
Dans un tel contexte, les Eglises sur le Net auront le grand avantage de ne pas avoir à exercer des pressions sur les derniers fidèles (de plus en plus fuyants !) en termes de budget, de fréquentation, d'encadrement, tout en rendant néanmoins un certain nombre de services. Elles représentent une dématérialisation opportune, un allègement considérable des charges, tout en offrant un cadre communautaire aux isolés et une référence identitaire et solidaire pour les autres.
A nous de rendre ce cadre chaleureux malgré les distances géographiques, en sachant bien entendu que les contacts de face à face restent à privilégier comme autant de temps forts et précieux .
Jean-Claude Barbier