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3 décembre 2013 2 03 /12 /décembre /2013 11:25

par Emile Mihière, pasteur protestant de l'ERF à la retraite, Bordeaux (France), novembre 2013.


Il ne suffit pas de parler de Dieu pour échapper à l’erreur, au mensonge et à la bêtise au front têtu…
Il faut reconnaître que les guerres les plus acharnées et les plus meurtrières de tous les temps ont « utilisé » le nom de Dieu. On s’est condamné, brûlé, torturé, étripé vertueusement pour défendre la « Vérité », du moins ce que l’on considérait comme telle. Toute religion qui est persuadée de la posséder en étant branchée directement sur la divinité, toute religion qui se fonde sur la conviction d’être « révélée » porte en germe le totalitarisme. Et pour assurer la pureté et l’éternelle certitude de cette parole de Dieu, tous les moyens sont bons. Nous connaissons la suite : guerres dites « saintes », croisades, conversions forcées, tortures, bûchers, pogroms et intégrismes de toutes sortes …
Dieu ne parle pas ; Dieu n’a jamais parlé. Dès qu’il y a parole divine soyez sûr que c’est celle d’un homme et chaque fois que les hommes disent recevoir la révélation de Dieu, ils risquent d’en faire une idole : ils l’enferme dans des livres, dans des dogmes, dans des personnes ou des institutions, ou bien pire dans des sacrements, des rites ou des bâtiments cultuels ou des sanctuaires qu'ils disent être la maison de Dieu.
 

dialogue_interreligieux_vivre_ensemble--bis-.jpg

 

La vraie foi n’est pas capable de saisir et définir l’Infini. Laissons tomber toutes ces fictions d’un peuple d’élus, d’interventions miraculeuses d’un Dieu-providence, pour nous enseigner et nous donner ce qu’il confie à tous dès l’origine ; à savoir le respect du caractère sacré de tout être humain qui est la marque de toute vraie religion qui ne peut être qu’universelle.
Si Dieu existe, il ne peut que s’adresser à tous et à toutes et la vérité est en chacun ; il faut des « accoucheurs » (la maïeutique de Socrate) qui nous le fasse découvrir. Le rôle des religions est ainsi de retrouver un même thème exprimé en des variantes d’une surprenante similitude :
Brahamanisme  : « Tes devoirs se résument en ceci : ce qui te causerait de la peine, si tu en étais l’objet, ne le fait pas à autrui. » (Mahabharata). Bouddhisme : « Ne traite pas les autres d’une façon que tu trouverais toi-même blessante » (Uda navarga). Confucianisme : « Il est une maxime pour fonder son existence : ne fais point aux autres ce que tu ne voudrais point qu’ils te fassent » (Analectes).Taoïsme : « Considère le gain de ton voisin comme ton propre gain et sa perte comme ta perte » (T’ai-Chang Kan Ying). Judaïsme : « Ce qui te paraît odieux, ne l’inflige pas à ton prochain. C’est l’essentiel de la loi. » (Talmud). Christianisme : « Tout ce que vous désirez que les autres fassent pour vous faites le vous même pour eux » (Matthieu).


Le motif profond de l’incroyance générale, surtout chez les jeunes, est à mon sens le refus de toute religion qui s’imposerait du dehors. Aussi, lorsqu’ils voient venir vers eux des Eglises bardées de certitude qui prétendent posséder « la Vérité » ; ils ne peuvent que s’en écarter. Ne pleurons plus sur la fin des credo immuables qui nous éviteraient de penser et de douter, des morales légalistes, qui se résumeraient ainsi : voilà ce qu’il faut croire ; voilà comment il faut se conduire ; venez chez nous ; le train pour « Paradis-sur-mer », en voiture ! et vous êtes sauvés …


Que la pensée unitarienne et ses chroniques nous aident à nous accepter différents pour nous aimer complémentaires : l’union dans la liberté, contre les enragés de Dieu …

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18 mars 2011 5 18 /03 /mars /2011 17:50

cil.gifLe Centre interdiocésain des laïcs (CIL) de Wallonie et de Bruxelles est un organe qui se veut lieu de dialogue et de débat. C'est une instance reconnue par la conférence épiscopale, mais qui n'en est pas pour autant une instance officielle de l’Église. Autonome, il est à la fois collaborateur et interlocuteur des évêques et des organisations catholiques de Belgique francophone. Il est reconnu par la Communauté française de Belgique au titre de l’éducation permanent. Il fait 10 propositions concrètes sur les pratiques d’Église, publiées dans le bulletin n° 121 de la Revue trimestrielles Hors les Murs (HLM) publié dans la revue commune de la fédération belge qui réunit des mouvements catholiques progressistes Pour un autre visage d'Eglise et de société (PAVES,  lien), 3ème trimestre, septembre 2010.


" Cela fait bien longtemps que les membres du CIL ont acquis la conviction de l’urgence pour notre Église catholique * de s’adapter aux conditions de vie de notre temps. Il ne s’agit pas du tout de suivre la mode, de faire de la démagogie, mais bien d’entrer résolument dans la modernité, de ne plus tenir un langage et des propos moralisateurs totalement inadaptés à notre époque.

* ndlr - la réflexion et les analyses, ainsi que les propositions, valent aussi pour toutes les Eglises

Le CIL alimente ses réflexions en particulier grâce à des commissions de travail qui, sans être permanentes, sont fréquemment de longue durée. Nous avons eu ainsi pendant trois ans une commission sur « La place des femmes dans 1’Eglise» et une autre sur «Pratiquer la démocratie en Église ? ». Toutes deux ont donné lieu à une contribution publiée dans une petite brochure ; les textes ont été plus  récemment mis sur le site du CIL ( lien)


En 2003, deux nouvelles commissions ont été créées «Pratiques d’église» et «Fois et Convictions ». Tandis que cette dernière est toujours en activité, les membres de la première ont pensé qu’il ne suffisait pas de réfléchir et d’écrire, mais qu’il fallait-il surtout se mettre à l’écoute des catholiques de la base. C’est au cœur des communautés chrétiennes locales que se vit concrètement l’évangile ; il faut donc donner la parole au peuple de Dieu, offrir aux personnes de s’exprimer, appréhender leurs besoins réels, leurs problèmes, leurs souhaits pour un avenir meilleur pour elles-mêmes, pour leur famille et pour les diverses communautés chrétiennes auxquelles elles participent.

L’Église peuple de Dieu n’évoluera, croyons-nous, que si la base (paroisses et groupes locaux) est reconnue comme acteur de cette évolution, interlocuteur à part entière. Est-elle vraiment associée ? Comment peut-elle le faire? Comme le disait Mgr Warin, « l’Eglise doit se recentrer sur l’essentiel, à savoir la proposition de 1’ Evangile pour la libération et le bonheur des femmes et des hommes ».

Pour ce faire, la commission «Pratiques d’ Église» a entamé une enquête--action baptisée «À la rencontre du peuple de Dieu », consistant à écouter les gens évoquer les problèmes concrets qu’ils rencontrent dans la vie courante, les expériences réussies dans leurs diverses communautés, leurs questions. C’est au cœur des communautés chrétiennes locales que se vit concrètement l’évangile.

L’enquête-action a comporté, outre les discussions au sein de la commission et du CIL, trois phases :

Tout d’abord, nous avons rencontré une dizaine de «Sages », experts en théologie, en philosophie, en animations spirituelles, clercs et laïcs, femmes et hommes ayant des responsabilités dans notre Église locale, en les laissant librement exposer ce qu’ils considéraient comme les problèmes majeurs vécus par les catholiques aujourd’hui dans leurs communautés.

Dans une deuxième phase, nous avons rencontré une trentaine de groupes très diversifiés de chrétiens engagés dont nous savions qu’ils avaient expérimenté des manières modernes de vivre leur foi en communauté groupes de réflexion, communautés de base, équipes spirituelles, communautés de paroisse ou d’unités pastorales, équipes de mouvements catholiques ou de foyers.

Enfin, nous avons organisé huit rencontres régionales, avec chaque fois une cinquantaine de participants, qui ont très librement échangé sur les thèmes évoqués le plus fréquemment lors des phases précédentes, que nous avions présentés sous formes de «10 propositions pour espérer et progresser en Eglise ».

Au CIL, un des principes fondamentaux, c’est la culture du débat. En application de ce principe et pour tenir compte des nombreux commentaires et de quelques critiques constructives recueillis lors de ces rencontres régionales, il a semblé aux membres de la commission, qu’il serait judicieux de modifier quelque peu la formulation de certaines propositions.

 

[...] Il serait illusoire de vouloir présenter une synthèse des opinions et témoignages recueillis lors des multiples rencontres qui ont été organisées. Mais, d’une part, on trouvera sur le site du CIL (lien) le rapport final de la commission avec un grand nombre de citations de participants et d’autre part, il a été décidé de publier encore cette année, un livre qui, autour de quelques thèmes majeurs, reprend une série de témoignages les plus illustratifs qui s’y rapportent.

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18 mars 2011 5 18 /03 /mars /2011 17:28

Dix propositions pour espérer et progresser en Église

1. La vitalité, l’avenir de notre Église, reposent sur de petites communautés à taille humaine qui rejoignent des groupes plus larges (paroisse, Unité pastorale) pour célébrer en Eglise dans certaines circonstances, et qui restent ouvertes sur le monde.
2. Petites ou plus grandes, les communautés doivent se prendre en charge sans attendre ou suivre aveuglément des consignes venues d’en haut.
3. En paroisse, la coresponsabilité entre le curé et les laïcs est essentielle. Elle peut être difficile avec des prêtres désireux d’exercer seul le pouvoir. Face à la raréfaction des prêtres, confier l’animation d’une paroisse à un laïc (homme ou femme) ou à une équipe de laïcs, qui fera appel à un prêtre pour présider l’eucharistie. Mais aurons-nous toujours un prêtre disponible ou chacun sera-t-il formé à cette coresponsabilité ?
4. Pratiquer la fraternité, la convivialité, les relations vraies entre personnes. Que chacun ait l’occasion de s’exprimer, quels que soient son origine, son niveau de formation, son degré de compétence. Donner la priorité au plus pauvre; il a quelque chose à nous apprendre, même s’il a plus de mal à l’exprimer.
5. Labourer nos vies par les textes évangéliques par nous-mêmes et en équipe liturgique. Ne pas se laisser intimider par ceux qui tentent d’imposer leur façon de voir ou de faire.
 6. Élargir certaines homélies à un partage de l’Écriture dans lequel chacun peut proposer sa propre parole. Dieu et la vérité n’appartiennent à personne.
7. Pratiquer la démocratie que tous les baptisés aient l’occasion d’être associés à la réflexion (donc à l’information) et au maximum de décisions. Promouvoir la parité homme-femme dans tous les organes de décision. Faire confiance aux femmes, à la richesse de leurs dons dont il ne faut pas se priver, entre autres pour animer la liturgie.
8. Promouvoir en toute occasion le dialogue; il n’y a pas deux classes de chrétiens, les clercs (sacralisés) et les autres. Tous sont prêtres, prophètes et rois.
9. Après information et formation, adopter en conscience des règles de vie adaptées au temps présent, en s’inspirant de l’exemple donné par le Christ plutôt que d’adopter une doctrine toute faite, considérée comme immuable.
10. En synthèse, appliquer les quatre dimensions des Actes des apôtres, au chapitre 2, versets 42 à 47 être assidus à l’enseignement, partager les biens, rompre le pain, prier ensemble :

 

gerbe-musicale-vue-sur-miettesdetheo.jpg" Ils se montraient assidus à l'enseignement des apôtres, fidèles à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières.

La crainte s'emparait de tous les esprits : nombreux étaient les prodiges et signes accomplis par les apôtres.

Tous les croyants ensemble mettaient tout en commun ; ils vendaient leurs propriétés et leurs biens et en partageaient le prix entre tous selon les besoins de chacun.

Jour après jour, d'un seul coeur, ils fréquentaient assidûment le Temple et rompaient le pain dans leurs maisons, prenant leur nourriture avec joie et simplicité de coeur.

Ils louaient Dieu et avaient la faveur de tout le peuple. Et chaque jour, le Seigneur adjoignait à la communauté ceux qui seraient sauvés "

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5 septembre 2010 7 05 /09 /septembre /2010 19:43

par Jean-Claude Barbier, communication au groupe Yahoo « Unitariens francophones », le 2 avril 2010, publié en article à la Une du bulletin de la Correspondance unitarienne n° 107, septembre 2010

Les approches par la religion ou par la spiritualité sont différentes et bien souvent contradictoires. Elles ne manquent pas d'aboutir à des incompréhensions réciproques bien que les religions proclament, non sans témoignages, qu’elles sont porteuses de spiritualité.

La religion repose sur des appartenances de naissance ou d’option, donc des différences dûment établies par rapport à d’autres religions. Une communauté religieuse va s’appuyer sur un credo, une profession de foi, ou du moins une déclaration communautaire. Le membre d’une communauté est censé y adhérer et y croire ; il est tout entier contenu dans la représentation que l’on se fait de son groupe. S’il émet des considérations personnelles qui le font sortir de ce cadre, on dira qu’il est contestataire, dissident, hérétique, voire apostat. Les croyances et les idées sont perçues en premier ; la personne en est porteuse et change d’identité selon leur contenu. A l’extrême, ce n’est même plus à elle d’en décider, mais c’est le regard des autres qui s’en charge ; elle peut ainsi être dépossédée de l’identité qu’elle proclame.

Ensemble 2La spiritualité est au contraire centrée sur la personne, sur son cheminement, sur sa croissance spirituelle (les unitariens-universalistes ont ainsi des groupes de «croissance spirituelle» dont les membres s’entraident chacun dans sa propre voie) *. La personne est en recherche, jamais casée avec une étiquette sur le dos. Elle est sans cesse en mouvement, jamais prisonnière d’un mouvement ou d’une communauté. Elle est sans cesse de passage, en transit, attirée par une transcendance de son choix (la recherche du bonheur de l’être, une perfection morale, la compassion des autres, la participation au mouvement général de la Vie, l’appel entendu de Dieu, etc.).

* ndlr : en août 2010, les unitariens français ont lancé iun groupe Yahoo intitulé "Croissance unitarienne", avec 18 membres à la date du 6 septembre (lien).


Dès lors, ce qu’elle fait ou ce qu’elle dit n’engage qu’elle et non sa communauté en tant que telle. C’est elle-même qui est en relation avec les autres ; elles n’est plus chargée de représenter sa communauté d’appartenance. La personne est perçue pour elle même et non plus pour ses idées ; celles-ci d’ailleurs ne sont qu’une expression temporaire et non plus définitive de la vérité qu’elle recherche. La relation est personnalisée. L’individu devient libre de ses mouvements, peut fréquenter et participer à d’autres mouvances que la sienne … sauf s’il tombe sur des « religieux » qui le traitent d’électron libre et le renvoient vite fait bien fait dans sa case de départ !

Pour faire bref, la religion serait du côté de l'intellect et le spirituel du côté du coeur !

L’unitarisme-universalisme constitue assurément une sortie du religieux. L’ouverture des assemblées cultuelles se fait à toutes les fois, mais non point à toutes les religions ! Celles-ci n’y tiennent pas boutique comme dans une fédération ou le salon d’une foire ou encore un train où chaque religion accrocherait son wagon. L’alimentation y est bel et bien commune, partagée, et non seulement juxtaposée comme dans une auberge espagnole : à la carte, une entraide mutuelle pour la progression spirituelle de chacun.

L’interfaith des unitariens-universalistes n’est pas de l’inter-religieux qui serait en négociation, à la recherche d’un compromis, d’un dénominateur commun, d'un point d'équilibre, d’une synthèse. Il y a bel et bien culte puisque la personne se situe au sein d’une communauté, réunie d’un accord commun, avec des rites de communion (à commencer par l'allumage de notre calice), pour partager dans un même élan de transcendance – même si celle-ci se dit désormais pour chacun dans des langages différents (mais c’est la Pentecôte !) et selon des voies diverses (l’interfaith). Les célébrations libres reposent sur la même dynamique.

En insistant sur les identités des uns et des autres, les rituels de communion et le partage des fois, l’Eglise unitarienne francophone renforce cette approche communautaire à l'image d'une Tour de Babel réconciliée à la fois avec elle même et avec son dieu.

Il va sans dire qu’un forum unitarien va dans le même sens : il est ouvert par définition aux diverses composantes de l’unitarisme contemporain (un grand éventail qui va des athées spirituels – des «humanistes» dans le langage américain – à des chrétiens, en passant par des agnostiques et d’autres croyants), à des sympathisants qui eux aussi nous apportent leur richesse ; également à des électrons libres de mouvances qui ne sont pas pourtant libérales, mais qui peuvent être intéressés à titre personnel par nos débats.

Avec cette approche personnaliste, nous rejoignons la prédication de Jésus qui s’adressait à toute personne : petits enfants, femmes, femmes adultères ou prostituées, fils de riche désireux de conserver son héritage ou fils dépensier revenant après déboires chez son père, notables religieux, docteurs de la loi et humbles pêcheurs des bords du lac de Tibériade, étrangers – Samaritains, Romains – collabos (les publicains comme Lévy), etc.

Lorsque la théologie de la Libération adopte le langage de la lutte des classes, elle a tout faux ! car Jésus s’adressait à chacun indépendamment de son statut social, de son rang, de ses appartenances : s’il y a des peuples à libérer, il faut aller (beaucoup) plus loin car ce sont les personnes elles-mêmes qu’il faut libérer ! Combien de peuples libérés sont devenus (parfois très rapidement) des dictatures (dites «populaires» !) opprimant à leur tour leurs propres citoyens et des peuples voisins. A commencer par le christianisme constantinien qui s’est fait oppresseur des autres religions.

Un unitarisme « religieux » qui n’aurait pas cette approche personnaliste, tournerait vite au dogmatisme et ne ferait guère mieux que les autres religions. Oui, notre attitude envers autrui est plus importante que nos idées et croyances. Paul le disait déjà : la foi sans la charité ne vaut rien !".

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14 mars 2010 7 14 /03 /mars /2010 04:13
En 1961, les congrégations unitariennes des Etats-Unis et du Canada ont fusionné avec l'Eglise universaliste américaine pour former l'Association unitarienne-universaliste (Unitarian Universalist Association of Congregations, UUA). Celle-ci fonctionne comme un réseau de congrégations, du moins comme une fédération au fonctionnement très souple et dont le siège est à Boston.

Le Mouvement unitarien universaliste au Québec (MUUQ) reproduit sur son site les sept principes de l'UUisme (abréviation pour unitarisme-universalisme), en y ajoutant les sources. Ce sont là des textes de qualité qui ont été profondément réfléchis et qui ont fait l'objet de revisions lors d'assemblées générales successives en 1984, 1985 et 1995. Nous remercions nos amis québécois de les avoir mis à la disposition du public francophone dès l'ouverture de leur site, dans les années 2000 (lien).

Mouvement-universaliste-unitarien-au-Qu-bec.jpglogo du Mouvement unitarien universaliste au Québec (MUUQ)

Les principes de l'Association unitarienne universaliste

 

Nous, assemblées membres de l'Association unitarienne universaliste, sommes vouées à la reconnaissance et à la promotion des principes suivants :  1 -  La valeur et la dignité intrinsèques de toute personne. 2 -  La justice, l'équité et la compassion comme fondements des relations humaines. 3 -  L'acceptation mutuelle et l'encouragement à la croissance spirituelle au sein de nos assemblées. 4 -  La liberté et la responsabilité de chaque personne dans sa recherche de la vérité, du sens de la vie et de la signification des choses. 5 -  La liberté de conscience et le recours au processus démocratique aussi bien dans l'ensemble de la société qu'au sein de nos assemblées. 6 -  L'aspiration à une humanité où règneront la paix, la liberté et la justice pour tous. 7 -  Le respect du caractère interdépendant de toutes les formes d'existence qui constituent une trame dont nous faisons partie.

 

Les sources de l'Association unitarienne universaliste :  nous avons puisé à des sources diverses la vivante tradition que nous partageons :


* L'expérience directe du merveilleux et transcendant mystère, universellement reconnu, qui suscite un renouveau de l'âme et une attitude réceptive envers les forces qui sont à l'origine de la vie et veillent à son épanouissement.


*Les paroles et les actions de visionnaires, hommes et femmes, qui nous incitent à miser sur la justice, la compassion et le pouvoir de transformation de l'amour pour affronter le mal sous toutes ses formes.


*La part de sagesse de toutes les religions qui est, pour nous, une source d'inspiration morale et spirituelle.


* Les enseignements du christianisme et du judaïsme qui nous convient à aimer notre prochain comme nous-mêmes en reconnaissance de l'amour que Dieu nous manifeste.


*  Le message humaniste qui nous incite à utiliser notre raisonnement et à prendre en considération les résultats de la science, et qui met en garde notre âme et notre esprit contre toute forme d'endoctrinement et de fanatisme religieux


* Les enseignements spirituels des traditions nomades qui célèbrent le cycle sacré de la vie, nous invitant à vivre en harmonie avec les rythmes de la nature. Remplis de gratitude envers le pluralisme religieux qui enrichit et ennoblit notre foi, nous sommes animés par le désir d'approfondir notre compréhension et de développer notre perspicacité.

 

En tant qu'assemblées autonomes, nous souscrivons à cette déclaration de principes, nous engageant à nous témoigner mutuellement soutien et confiance.

 


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1 décembre 2009 2 01 /12 /décembre /2009 19:03

William Ellery Channing (1780-1842) a été un pasteur congrégationaliste américain depuis 1802 (il est alors autorisé de prêcher pour l'association de Cambridge, une association régionale de pasteurs du culte congrégationalistes) et nommé en 1803 ministre à l'Eglise Federal Street de Boston, où il restera tout du long de sa carrière. Il est bien connu pour ses convictions unitariennes et la défense de ce courant d’idée qui luttait alors contre les "orthodoxes", à savoir les calvinistes purs et durs, héritiers des fondateurs Puritains. Mais, s’il fut un chantre de l’unitarisme, il n’en rejoignit pas pour autant les rangs de l’Association unitarienne américaine (AUA), fondée en 1825.

Federal Street Church (Boston), document historique

Il préféra ne pas diviser les congrégationalistes libéraux entre unitariens et non unitariens ; ligne modérée qui resta longtemps celle de son Eglise et d’autres Eglises de Boston. La Federal Street est devenue, bien après Channing, la Arlington Street Church (une nouvelle église construite ailleurs en 1861), laquelle est aujourd'hui l’un des fleurons actuels de l’unitarisme-universalisme américain (voir ici son historique).

A noter qu’il n’a jamais existé une "Eglise unitarienne américaine" en tant que telle, mais seulement une association regroupant des congrégations se disant unitariennes (l’AUA de 1825 à 1961, puis l’Unitarian Universalist Association UUA, laquelle regroupe plus de 1 000 congrégations). Aujourd’hui même, si la King’s Chapel de Boston (qui elle est d’origine anglicane) est membre de l’Unitarian Universalist Association (UUA), elle ne se dit pas pour autant unitarienne, ni unitarienne-universaliste, mais de théologie unitarienne, de tradition anglicane et d’organisation congrégationaliste ! (voir ici son historique). 

 

Chaque Eglise EST locale et possède ainsi sa propre histoire.
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1 décembre 2009 2 01 /12 /décembre /2009 18:44

Mais quel sera le lien de tous ces esprits qui cherchent chacun la vérité, et qui ne marchent point du même pas ? Quel principe constituera cette Église par laquelle on arrive de tous les côtés, et réunira ces chrétiens qui ne sont rapprochés ni par le rite, ni par le dogme ?

Le même principe qui est à la base des Eglises particulières, le commandement qui, selon Jésus, résume la Loi et les Prophètes, l'amour de Dieu et de l'Humanité. Le seul lien entre toutes les sectes, la seule religion universelle est l'amour ; quiconque est pénétré de la morale de l'Évangile et en fait la règle de sa vie, celui-là accomplit la Loi éternelle et est membre du Royaume de Dieu.

Tant que les protestants adopteront la méthode autoritaire et s'obstineront à chercher l'unité de foi dans l'unité de croyances, ils ne pourront échapper à l'impitoyable dilemme de Bossuet, et ne seront qu'une fraction obscure et inconséquente du catholicisme. Le seul moyen de triompher de l'orgueilleux auteur dès Variations est de recourir à la conscience et au jugement individuels, et de poursuivre la vérité dans la mesure de nos forces sans prétendre à l'absolu. C'est par ce complet affranchissement des symboles et des formules que le protestantisme aura sa raison d'être, et que nous pourrons aspirer à cette Église universelle qu'a dépeinte Channing avec une sainte passion et une splendide éloquence. Ernest Stroehling (1867).


"Il y a une Église plus grande que toutes les Églises particulières quelque grandes qu'elles soient : c'est l'Église universelle qui s'étend sur toute la terre, et ne fait qu'un avec l'Église qui est dans le Ciel. Tous ceux qui suivent le Christ ne forment qu'un seul corps, un seul troupeau ; c'est ce que nous enseignent différents passages du Nouveau Testament. Vous vous rappelez la ferveur de sa dernière prière : "Que tous ne fassent qu'un, comme Lui et son Père ne font qu'un."

Dans cette Église sont admis tous ceux qui participent à l'esprit de Christ. Elle ne demande pas qui nous a baptisés, de qui nous tenons notre passeport, quel signe nous portons. Si nous avons été baptisés par le Saint-Esprit, ses larges portes nous sont ouvertes. Là sont réunis ceux que des noms différents ont séparé et séparent encore. Là il n'est pas question d'Eglises grecque, romaine ou anglicane, mais seulement de l'Eglise de Christ. Mes amis, ce n'est pas là une union imaginaire. Quand l'Ecriture parle ainsi, ce n'est pas une vaine rhétorique, c'est la vérité pure. Tous ceux qui participent sincèrement à la vérité chrétienne, sont essentiellement unis. Dans l'esprit qui les anime, il y a une force d'amour qu'on ne trouverait dans aucun autre lien. Séparés par les mers, il y a entre eux des sympathies fortes et indissolubles. La voix nette et puissante d'un chrétien inspiré vole par toute la terre et dans un autre hémisphère touche des cordes qui lui répondent. La parole d'un Fénelon par exemple arrive à des millions d'âmes dispersées dans le monde. Ne sont-elles pas toutes de la même Eglise ?


Je tressaille de joie au nom des saints qui ont vécu, il y a des siècles : le temps ne nous sépare pas, l'ancienneté ne les rend que plus vénérables. Ne sommes-nous pas du même corps ? Est-ce que cette union n'est pas quelque chose de réel ? La réunion dans un même édifice n'est pas ce qui fait une Eglise. Me voici dans un temple. Je suis assez près de l'un de mes semblables pour le toucher, mais il n'y a pas entre nous un sentiment commun. La vérité qui me remue, cet homme s'en rit comme d'un rêve et d'une chimère, le désintéressement que j'honore, il l'appelle faiblesse ou folie. Que nous sommes loin l'un de l'autre, quoiqu'en apparence si voisins ! Nous appartenons chacun à des mondes différents. Que je suis plus près de quelque âme pure, généreuse qui vit dans un autre continent, mais dont la parole a pénétré mon cœur, dont les vertus m'ont enflammé d'émulation, dont les pieuses pensées s'offrent à mon esprit, lorsque je suis dans la maison de prière. Lequel de ces deux hommes est de mon Eglise ?


Ne me dites pas que je m'abandonne à un rêve de mon imagination, quand je dis que des chrétiens éloignés, que tous les chrétiens et moi-même, nous ne formons qu'un corps et qu'une Église, aussi longtemps qu'une même piété et qu'un même amour nous possèdent. Rien de plus réel que cette union spirituelle. Il y a une grande Eglise qui embrasse tout : chrétien, j'en fais partie et personne ne peut m'en faire sortir. Vous pouvez bien m'exclure de votre Eglise romaine, de votre Eglise épiscopale, de votre Eglise calviniste, pour quelques défauts supposés dans mon symbole ou dans ma secte, et je suis content d'en être exclu ; mais je ne veux pas qu'on me détache du grand corps de Christ.

Qui me séparera d'hommes tels que Fénelon, Pascal et Borromée, de l'archevêque Leighton, de Jérémy Taylor et de John Howard ? Qui rompra le lien spirituel qui m'unit à ces hommes ? Ne me sont- ils pas chers ? L'esprit qui déborde dans leurs écrits et dans leurs vies ne pénètre-t-il pas mon cœur ? Ne sont-ils pas une partie de mon être ? Ne suis-je pas un autre homme que ce que j'aurais été si ces grands esprits n'avaient agi sur moi ? Et est-il au pouvoir d'un synode, d'un conclave ou de toutes les assemblées ecclésiastiques du monde de m'en séparer ? Je tiens à ces grands esprits par la pensée et l'affection, est-ce qu'on supprime la pensée et l'affection par la bulle d'un pape, ou l'excommunication d'un concile ?

L'âme brise dédaigneusement ces barrières, déchire ces toiles d'araignée pour s'unir aux grands et aux bons, et si elle possède leur esprit, est-ce que vivants ou morts, les grands et les bons la repousseront parce qu'elle ne s'est pas enrôlée dans telle secte ou dans telle autre. Une âme pure a le droit de cité dans l'univers entier. Elle appartient à l'Eglise, à la famille de ceux qui sont purs dans tous les mondes. La vertu n'est pas chose locale, elle n'est pas respectable parce qu'elle a pris naissance dans telle ou telle société, mais à cause de sa beauté indépendante et éternelle. Voilà le lien de l'Eglise universelle. Nul homme n'en peut être excommunié que par lui-même en tuant la vertu dans son âme. Toutes les sentences d'exclusion sont vaines, si nous ne brisons le lien de la vertu qui nous unit à toutes les âmes saintes. " (William Ellery Channing)

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27 août 2009 4 27 /08 /août /2009 08:16

Conclusion de l’article d’Hannelore Daniel-Poncelet, " Un phare d’espoir " paru dans la dernière Tribune libre unitarienne (vol. 5, n° 1, 2009), lien, qui vient de paraître ce mois d’août et qui reprend une allocution qu’elle a prononcée lors de la célébration en français à l’Église unitarienne de Montréal, le dimanche 25 janvier 2009. Cette livraison de la Tribune libre unitarienne a été coordonnée, sur le thème du fondement de la morale, par Fabrice Descamps. Cette revue, indépendante, est mise en ligne sur le site du Mouvement unitarien-universaliste au Québec (MUUQ) ; le site de La Besace des unitariens en reproduit les sommaires

 

[dans un monde moderne marqué par l’individuation des personnes et dans une société devenue laïque] " L’État doit protéger la liberté de conscience et de religion. En contrepartie, l’Église doit renoncer à s’immiscer dans les affaires de l’État. Dans ce contexte, les églises, les temples, les mosquées, les synagogues peuvent devenir des lieux de rencontre, de compassion, de quêtes profondes, de dialogue respectueux ; devenir des lieux communautaires où la confiance est profonde ; des foyers de source d’espoir où l’amour est authentique ; où c’est possible de se racheter après avoir commis une erreur.


Léo Poncelet (responsable de la Tribune libre unitarienne) et Hannelore Daniel-Poncelet, ville de Québec, mai 2008, photo Jean-Claude Barbier.

[…] Notre humanité a besoin d’une communauté où l’on apprécie la dignité et la valeur inhérentes de chaque personne, où l’on célèbre les merveilles de la vie, où on sent l’interdépendance. Bref, il nous faut élaborer des règles de vivre-ensemble où l’on peut grandir, discuter, apprendre, partager, espérer bâtir un meilleur monde et mieux comprendre notre situation dans la toile interdépendante de la vie. Cet espoir nous incite à trouver notre juste équilibre dans la balance sacrée de la nature dont nous faisons partie. Voilà notre salut, notre foi".

ndlr : Cette conclusion, inspirée de la pratique unitarienne-universaliste des congrégations Nord-américaines, rejoint tout à fait la préoccupation du théologien unitarien américain James Luther Adams (1901-1994) qui, face à la montée des totalitarismes en Europe d'avant la Seconde guerre mondiale, estimait que les communautés religieuses devaient servir de lieu d'apprentissage à la démocratie. Voir la présentation de cet auteur dans la rubrique de La Besace des unitariens.

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20 juillet 2009 1 20 /07 /juillet /2009 00:37

par Jean-Claude Barbier (chrétien unitarien, Bordeaux), article à la Une publié dans la Correspondance unitarienne, n° 94, août 2009, 3 p.

Lorsqu’à la suite des prêches convainquant du Hongrois David Ferencz, les anti-trinitaires de Transylvanie commencèrent à faire Eglise entre eux, en 1568, ils se dénommèrent tout simplement " chrétiens " et parlèrent de leur assemblée " d’un commun accord ". Ce n’est que par la suite que le terme d’unitarien leur fut attribué, à l’initiative d’ailleurs des calvinistes pour qui ce terme était un sobriquet désignant ceux qui n’ont à la bouche que le mot unité.

Historiquement, les unitariens font donc partie des confessions chrétiennes, avec un acte de foi à la clé (une "confession") - Dieu existe et il est Un -, un enseignement – celui de Jésus-Christ – et un catéchisme s’y inspirant, des cultes dominicaux, des sacrements (baptême – y compris celui d’enfants -, communion – dite depuis Lord Supper - , et confirmation), une organisation ecclésiale distincte (avec un évêque et un conseil presbytéral), etc.

Séparés à la fois des luthériens et des calvinistes, la nouvelle confession fut – en Pologne et en Transylvanie – la benjamine des Réformes protestantes du XVIème siècle. A noter qu’il est surprenant que certains historiens fassent encore l’impasse sur ce dernier fleuron car, s’il resta très minoritaire, il n’en continua pas moins son chemin en Angleterre, puis aux Etats-Unis et enfin dans de très nombreux pays du monde entier, anglophones d’abord puis dans d’autres aires linguistiques.

Une Eglise est fondamentalement une rencontre d’hommes et de femmes qui sont d’accord pour se réunir ensemble et pratiquer un culte.

Pendant longtemps, on a cru que cet accord commun reposait sur un socle de croyances communes et la relation à une hiérarchie. Les premiers à avoir ouvert une brèche dans ce consensus confessionnel furent des pasteurs anglais et irlandais qui, au nom de la lecture personnelle de la Bible et de l’honnêteté de la conscience, refusèrent de prêter serment à la confession de foi anglicane, non point par désaccord sur le contenu même de la dite confession, mais par principe de liberté de conscience. Dans la tradition protestante, on ne peut en effet contraindre le pasteur à aborder des sujets sur lesquels il ne souhaite pas s’exprimer : l’objection de conscience y est respectée. Il y eut donc des pasteurs non jurant, "non-subscribing ", mais les Eglises n’en conservèrent pas moins leur credo à l’usage des fidèles.

Aux Etats-Unis d’abord, apparurent des " Eglises du Christ " qui, elles, refusèrent toute dénomination particulière : on s'affirme d’abord chrétien, disciple de Jésus-Christ avant tout. Elles se dirent non-dénominationnelles, se référant directement aux Evangiles et au kérygme de la Pentecôte.

L’unitarisme, confession chrétienne parmi les autres confessions, évolua aux Etats-Unis de la fin du XIXème siècle vers une Eglise de type non seulement progressiste (au niveaux du dogme, de l’exégèse, des engagements sociaux) mais libérale avec acceptation de croyances diverses. Au nom des valeurs humaines prônées par l’Evangile, les assemblées unitariennes ouvrirent leurs portes à des agnostiques, voir même à des non croyants en Dieu (appelés aux Etats-Unis " humanistes "), puis à d’autres croyants : bouddhistes, soufis, baha’is, juifs, etc. Depuis la fusion en 1962 entre les congrégations unitariennes et l’Eglise universaliste d’Amérique, elles se dénomment " unitariennes-universalistes ".

Or ces assemblées, devenues hétérogènes au niveau des croyances, continuent à se maintenir, à fonctionner et font preuve d’une belle vitalité. Quel est donc leur secret ?

Elles n’ont plus Dieu comme référence commune puisque certains se disent agnostiques et athées ! Elles n’ont plus la Bible comme enseignement puisque les chrétiens n’y sont pas entre eux seuls !

Il y a d’abord, pour ces " libéraux " un élargissement du cadre religieux


1) A l’image d’un Dieu qui se révèle chez des prophètes (ce qui donne autant de religions particulières), à celle du Dieu providentiel des théistes, répondant ou non aux prières de ses dévots, se substitue un Dieu créateur de ce Monde, auteur du Big-bang initial, immanent dans sa Création, en même temps " en nous ", nous éclairant de notre intérieur plus que nous guidant, agissant " par nous " nous disent les théologiens du Process. Sans aller jusque là, d’autres évoqueront tout simplement " le mystère de la Vie ", l’accord se faisant de toute façon sur la dimension spirituelle de la vie.


Bref, s’il n’y a plus accord sur le mot de " Dieu ", manifestement trop chargé de sens contradictoires, il y a bel et bien un accord sur une vie basée sur des valeurs humaines, le respect de la Vie (les unitariens sont fondamentalement des écologistes !), le souci de vivre selon une éthique universelle, l’engagement pour un monde sans exclusion ni discrimination et plus fraternel.

2) L’enseignement de Jésus-Christ, celle de la Bible toute entière, demeurent bien entendu une référence dans la plupart des congrégations unitariennes-universalistes américaines, mais ces apports juif et chrétien ne sont plus exclusifs de ceux des autres religions et sagesses de l’Humanité. Ils sont placés sur le même plan que les autres et c’est la contribution de chacun au progrès universel de l’humanité qui est désormais mise en avant.


Mais cette ouverture ne peut se faire que s’il y a une pratique libérale de la religion.


Cette pratique libérale s’est affirmée dès le début de l’unitarisme avec l’affirmation protestante de la liberté de conscience et, chose nouvelle pour l’époque, le refus des contraintes ecclésiales et temporelles en matière de religion (en 1568 la diète de Turda, en Transylvanie, interdit de faire violence aux pasteurs si l’on est pas d’accord avec eux et reconnaît tous les cultes existants d’alors – catholique, luthérien, calviniste, anti-trinitaire). Les unitariens ont toujours été opposées aux Inquisitions catholiques et protestantes de leur époque.

Puis cette pratique libérale s’est développée au sein de l’unitarisme au cours des siècles. Au XVIIème siècle les unitariens ont été rejoints dans cette pratique par la Fraternité des Remonstrants (en Hollande), puis par les protestants libéraux européens du XIXème siècle, puis, tout récemment, depuis la fin du XXème siècle, toujours en Europe, par une mouvance catholique contestataire, réformatrice et non dogmatique (réunie en France au sein de la Fédération des réseaux des Parvis, en Belgique au sein de Pour un autre visage de l’Eglise et de la Société - Pavés -, et dans de nombreux pays dans Nous sommes aussi l’Eglise et autres mouvements.

Non seulement cette pratique pousse à respecter les itinéraires religieux et spirituels des autres, à plus de tolérance et d’ouverture, mais aussi elle sait organiser les échanges, à commencer par l’écoute attentive de la foi des autres, par le soucis de se rejoindre sur l’essentiel, parfois au-delà des énoncés et des balbutiements, par l’encouragement mutuel à s’exprimer.

L’aboutissement en est un partage de la foi des uns et des autres dans une ambiance conviviale et fraternelle. Alors que les confessions réunissent les fidèles par des affirmations communautaires (credo, chants dogmatiques, sermons, etc.), la pratique libérale, quant à elle, mise sur l’expression individuelle conforme à la liberté de pensée et son accueil au sein de l’assemblée. C’est en quelque sorte une fraternité par le bas et non plus par le haut.

Nombre de communautés unitariennes restent organisées sur une base confessionnelle.

C’est le cas de nos Eglises historiques en Transylvanie et en Hongrie, des Eglises plus récentes dans d’autres pays européens qui affirment leur continuité avec ces premières Eglises (Norvège, Suède, Espagne, à Berlin en Allemagne, à Boston aux Etats-Unis avec la King’s Chapel, au Nigeria en Afrique), et des assemblées chrétiennes unitariennes qui se sont formées à partir des années 1990 en Grande-Bretagne, France, Italie et en Afrique noire francophone (Burundi, Congo Brazzaville, Congo RDC, Togo). Pour la France et régions francophones voisines, l’Assemblée fraternelle des chrétiens unitariens (AFCU), fondée en février 1997 sous le patronage du protestant libéral Théodore Monod, affirme dans ses statuts la croyance en Dieu et l’enseignement de Jésus.

Mais l’EUfr est une Eglise post-confessionnelle

Au niveau de notre aire linguistique, celle de la Francophonie, nous avons fondé, en juin 2008, l’Eglise unitarienne francophone (EUfr), qui est un espace de service pour tous les unitariens parlant le français et qui se trouvent cultuellement isolés, et aussi pour être un espace de partage pour les communautés francophones existantes. Les Canadiens francophones étant de sensibilité unitarienne-universaliste, c’est un modèle post-confessionnel qui a été adopté de facto, même si, pour l’instant, la grande majorité des unitariens francophones sont des chrétiens.

L’EUfr est donc ouverte à tous et pas seulement aux seuls chrétiens. Nous l’avons déjà présentée, dans notre bulletin n° 90, avril 2009, comme offrant à tous " son espace de prière ". Elle repose sur la liberté de conscience, l’affirmation de la foi des uns et des autres, et la mise en partage. C’est ce qu’elle propose précisément lors de ses cultes mensuels (le premier dimanche de chaque mois) : culte de maison à l’initiative de chacun et selon sa propre tradition religieuse ou spirituelle, puis partage au niveau du site de l’Eglise. Deux cultes ont déjà eu lieu, les dimanches 7 juin et 5 juillet ; le prochain aura lieu le dimanche 2 août.

Certains chrétiens restent attachés à la formule confessionnelle – mais au sein d’une assemblée de ce type n’est-ce pas désormais illusoire de penser qu’il y a cohésion au niveau des croyances ? Combien de paroisses, catholiques ou protestantes se trouvent écartelées entre des courants violemment contradictoires (dogmatique ou libéral, conservateur ou progressiste, etc.).

D’autres chrétiens, au contraire, sans rien renier de la richesse de leur voie, préfèreront cet élargissement à toutes les sagesses du monde entier pour plus de fraternité et d’universel. Certains d’ailleurs trouvent déjà cet élargissement au sein d’une loge maçonnique.

En tout cas, dans le modèle post-confessionnel, rien n’empêche le chrétien de dire sa foi en Dieu et de lui adresser ses louanges, de confier son chérissement pour Jésus et de partager le pain et le vin au nom de ce même Jésus, de faire part de son intérêt pour la lecture de la Bible, de ses méditations à partir de cette riche tradition. Il sera écouté par tous les autres, comme lui aussi écoutera les autres et recevra leur message.

Une communauté d’expression, d’écoute et d’encouragement mutuelle, d’inter conviction, de partage de la richesse de nos traditions ; finalement une communauté de culte bien à l’image de nos sociétés modernes ; et puis et surtout un espace où l’on retrouve le parler vrai, sans langue de bois, sans les formules toutes faites, sans l’hypocrisie des mots, sans bondieuseries, sans prosélytisme …et où la parole n’est plus monopolisée par des dignitaires et des clercs.

dessin collectif d'enfants de l'Eglise unitarienne de Montréal avec les symboles de leurs convictions religieuses ou philosophiques mis dans un calice. Photo J.-C. Barbier, mai 2008.

Une communauté où chacun est invité à approfondir sa propre foi, sa propre identité, afin de mieux la partager aux autres. A terme, l’enjeu est celui d’un monde qui peut s’universaliser (et non s’uniformiser) en gardant toute la richesse de sa diversité culturelle, religieuse et spirituelle.

C’est Gandhi qui invitait chaque croyant à l’excellence, chacun dans sa propre voie, à être de bons hindouistes, de bons musulmans, de bons chrétiens, etc. Nous grimpons la même montagne, chacun selon son propre chemin, disait aussi Théodore Monod. En cela, l’inter religieux doit être une dynamique de partage et non pas un simple face à face fait de monologues juxtaposés.

Oui, la pratique libérale va jusqu’au partage réciproque de nos fois individuelles.

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19 juillet 2009 7 19 /07 /juillet /2009 23:51

"Le témoignage d’une unitarienne-universaliste sur la pratique libérale des congrégations nord-américaines"
par Jo-Anne Elder-Gomes
(congrégation unitarienne-universaliste de Fredericton, Nouveau Brunswick, Canada),
message du vendredi 10 avril 09 au groupe Yahoo d’information et de discussion Unitariens francophones, publié dans les "Libres-propos" du bulletin n° 94, août 2009 de la Correspondance unitarienne.


Pour moi l'idée d'une religion libérale est très importante. On m'a expliqué que le mot libéral avait d'autres connotations en français, alors j'aimerais esquisser une petite explication de ce que le terme implique pour les unitariens-universalistes nord-américains.

Pour résumer, une religion libérale serait une tradition qui embrasse la diversité théologique et la recherche personnelle de la foi, du sens de la vie, de la philosophie, du divin (ici on n'essaie pas de limiter par un nom ce que moi, personnellement, j'appelle volontiers " Dieu ").

Plutôt qu'un seul credo, dogme ou texte sacré, les pratiquants se basent sur leurs propres expériences et sur leur raison pour définir leurs croyances. Les principes que nous affirmons nous guident dans nos relations avec les autres (le respect, l'entraide, la compassion, la justice sociale), plutôt que sur la voie que nous pouvons emprunter pour arriver à la vérité. En affirmant ces principes, nous assumons notre responsabilité de vivre une communauté (un groupe, une fraternité - " fellowship " - une congrégation ou une Église), sur la base de relations personnelles positives et de pratiques démocratiques.

" Libéral " se définit donc par opposition à une autorité qui existerait en dehors de nous et nous dicterait comment agir. Nous nous permettons donc de remettre en question les idées reçues, les actions des institutions et les décisions à prendre pour arriver à un monde plus juste et plus ouvert. Libéral veut dire ouverture d'esprit.

Même si, en Amérique de Nord les unitariens-universalistes ont plutôt tendance à s'associer à des partis politiques progressistes, et leurs instances nationales (Unitarian Universalist Association UUA pour les Etats-Unis, Canadian Unitarian Council CUC pour le Canada) à prendre parti sur des questions d'orientation sexuelle, d'avortement (pro-choix), de mariage homosexuel, etc., chacun reste en définitive libre de ses propres choix et peut opter pour des valeurs traditionnelles.

bannière d'une congrégation unitarienne-universaliste du Canada, vue au rassemblement national d'Ottawa, mai 2008, photo. J.-C. Barbier

En fait, parmi les gens que je côtoie le dimanche matin, je ne sais pas toujours ce qu'ils pensent, ce qu'ils croient, etc. Nous prenons des décisions ensemble, mais comme chacun a choisi de se montrer respectueux et ouvert d'esprit, on arrive à des consensus ou bien à des votes majoritaires qui dépassent les divergences d’opinion. J'imagine que sans une rencontre hebdomadaire, en l’occurrence un culte dominical en une église, c'est difficile d'imaginer ce genre de communauté que nous essayons de construire et comment nous vivons cette expérience. Mais pour moi, " libéral " veut dire libre. Nous affirmons l'importance de respecter la liberté de penser des autres et nous chérissons la nôtre.

Être libéral selon le dictionnaire Merriam-Webster veut dire être ouvert d'esprit, libre des contraintes de dogmatisme et d'autorité, être généreux et croire en la bonté fondamentale de l'humanité. La religion est définie comme ce qui nous relie à ce que nous avons de plus essentiel, aux aspects les plus importants de la vie. De là découle aussi un grand défi : si nous sommes ouverts d'esprit, si nous ne reconnaissons pas les contraintes imposées par une quelconque autorité, alors qui peut décider, qu'est-ce qui peut déterminer ces questions d'ultime importance ?

Note bibliographique :
Il y a un excellent article sur la question, écrit par un pasteur unitarien-universaliste intitulé "What is Liberal Religion ? ". L'article "Liberal Religion" dans Wikipedia est également à lire.

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  • : Eglise unitarienne francophone
  • : Le courant unitarien est né au XVI° siècle et a été la "benjamine" des Réformes protestantes. Il se caractérise par une approche libérale, non dogmatique, du christianisme en particulier et des religions en général. Les unitariens sont près d'un million dans le monde entier. En pays francophones (en Europe occidentale : la France et ses oays d'Outre-Mer, la Wallonie, la communauté francophone de Bruxelles, la Suisse romane, Monaco et Andorre ; au Canada : le Québec ; et en Afrique noire), il s'e
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