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Le site de l'exposition propose un dossier pédagogique (en téléchargement, lien) à destination des enseignants du CE2 à la Terminale. Nous en reproduisons de larges extraits en ayant toutefois rectifié (alors mis en couleur marron) ou supprimés quelques points qui ne nous ont pas semblé tout à fait justes sur le plan anthropologique.
Cette exposition propose un large panorama des pratiques religieuses dans le monde d’aujourd’hui au travers de thématiques voulues comme autant de portes d’entrée sur le fait religieux : « Divinités », « Cultes », « Passages », « Intercesseurs », «Corps», « Conflits et coexistence », « Voix », « Lieux », « Cycles », « Au-delà ».
buste de Jésus, cathédrale de Sées (département de l'Orne, au nord d'Alençon) "Salvator Mundi" / le Sauveur du Monde
SECTION 1. DIVINITÉS
Peut-on représenter Dieu, ou plus largement le divin, et tout ce qui le peuple selon les systèmes religieux : dieux, déesses, esprits, ancêtres, nature divinisée, animaux sacrés, etc. ? Cette section entend donner un aperçu de la façon dont les images, au sens matériel (peintures, sculptures, objets) renseignent sur les réponses à cette question selon les différents systèmes religieux. Car les images liées au sacré ne sont pas des images comme les autres. Elles se heurtent à l’essence même du religieux qui est lien avec une autre dimension relevant de l’invisible, du transcendant, de l’illimité. L’on pourrait croire alors que la réponse serait dans le renoncement à représenter ce qui ne peut se voir, ou se concevoir. Pourtant l’Homme « fait à l’image de Dieu », selon la conception biblique de la Genèse, fait souvent Dieu à son image.
L’anthropomorphisme, surtout présent dans les polythéismes, en est l’exemple le plus frappant. Les dieux prennent visage humain, ils boivent, mangent, ont des histoires d’amour et de guerre. Ils sont alors représentés sous une forme humaine ou sous une forme assez proche (dieux à plusieurs têtes et plusieurs membres comme Shiva dans l’Hindouisme). Mais l’impossibilité de représenter Dieu peut également s’ériger en règle absolue. Le judaïsme et l’islam écartent toute possibilité d’image matérielle voulant donner une forme humaine à Dieu. Le christianisme a au contraire favorisé l’image du Christ, se fondant sur la théologie de l’Incarnation : Dieu s’étant donné à voir dans son Fils Jésus-Christ, il peut être représenté. La question est encore posée différemment dans les religions coutumières. Le monde invisible y est peuplé de divinités aux visages humains, mais également d’esprits, d’ancêtres, d’une nature et d’animaux doués d’âme et vénérés en tant que tels. La plupart du temps, les objets qui actualisent la présence de ces entités visent à établir un contact avec ces dernières.
SECTION 2. CULTES
Cette section présente une variété d’objets cultuels destinés à la communication avec le divin. Par leur diversité, ces objets témoignent de l’extraordinaire richesse de l’imagination humaine autour de cet enjeu aux aspects multiples : prières, louanges, supplications, demandes de protection, sacrifice, délivrance d’une parole, que celle-ci relève de la révélation ou de la divination.
La plupart de ces objets sont présentés à la manière d’un cabinet de curiosités du XVIIIe siècle permettant de les comparer et d’en comprendre la fonction.
• autels portatifs, retables et mirhab côtoient crucifix, icônes, mandalas, comme autant de support de prière et de méditation.
• amulettes, fétiches, charmes, épées de protection, talisman, ex-votos sont réunis pour leur fonction de protection et d’éloignement des forces du Mal.
• lampes et encensoirs signes de la présence divine dans le culte
• objets de dévotion personnels emportés en voyage ou rapportés : livre de prières portatifs, nécessaire de voyage pour le shabbat, souvenirs de pèlerinage, malle-chapelle du bateau-école de la Jeanne d’Arc renfermant une soixantaine de pièces utiles à la messe, chapelets permettant une déambulation intérieuren etc.
Connaissance de la parole divine L’importance de l’accès au divin par la connaissance de sa parole est abordée en fin de ce parcours. Le visiteur est amené à découvrir les différents enjeux de ce domaine. La Révélation, au coeur des trois religions du Livre y tient une place importante, mais également d’autres modes de connaissance comme la divination, qui permet d’interpréter la volonté divine par le biais de la parole du devin. Torah, bibles, corans sont évoqués en complément. Enfin, les cultes séculiers apparus au XXe siècle (Lénine, Mao, etc.) sont également cités en complément de ce parcours.
SECTION 3. PASSAGES.
Les rites de passages jalonnent la vie de la naissance à la mort. Ils permettent de franchir une série d’étapes et apaisent les angoisses individuelles et collectives. La communauté propose ainsi de faire le lien entre le sacré et le profane, la vie et la mort, l’individu et la collectivité. Elle marque le passage d’un âge de la vie à un autre, d’une saison à la suivante, d’un moment historique à un autre. Ces rites sont censés résoudre les crises de l’existence humaine. L’individu acquiert ainsi une identité propre et un rôle social.
• L’entrée dans la communauté commence avec la naissance : elle offre à l’enfant un nom, la reconnaissance d’une filiation par le biais de la circoncision, du baptême ou de rites de délivrance africains, etc.
• Le passage à l’âge adulte arrive avec la puberté. Des épreuves initiatiques (scarifications…) ou des cérémonies (bar-mitsva) sont proposées à l’individu pour être reconnu par la communauté ou accepter son autorité.
• Le rite du mariage, quant à lui, répond à la volonté de perpétuer l’espèce. Il va donner un cadre légitime et sacré à l’acte charnel. L’individu est souvent considéré comme véritablement adulte lorsqu’il fonde une famille.
• Le passage vers l’au-delà. Les rites mortuaires rendent supportables la disparition : ils offrent la survie de l’âme, la résurrection du corps ou des possibilités de réincarnation….
SECTION 4. INTERCESSEURS
Les intercesseurs communiquent avec le divin et cherchent à rendre favorable les forces de l’au-delà. Ces intercesseurs favorisent le lien entre le visible et l’invisible, et ont une action protectrice. Ils servent de porte-parole aux puissances surnaturelles, interrogent le bon vouloir des dieux, des ancêtres. Il en existe deux grandes catégories : des représentants officiels nommés par la communauté, comme les prêtres catholiques ou orthodoxes, qui vont oeuvrer par les prières et les cérémonies ; des représentants élus directement par Dieu, comme les prophètes ou les chamanes, dotés de pouvoirs spirituels (voyance, songes sacrés, miracles…). Ces derniers sont reconnus socialement pour leur talent charismatique et suscitent à la fois l’admiration et la crainte. La vie des intercesseurs est aussi multiple : ils mènent une vie d’ascètes (les moines jaïn ou les moines bouddhistes), sont guérisseurs ou sorciers (en Afrique). Est également abordée la question des sectes et de l’auto-proclamation de leur chef comme guides spirituels.
SECTION 5. CORPS
Dans toutes les religions, le lien avec la religion passe également par le corps. Il s’agit de discipliner son corps en se l’appropriant (par exemple marcher sur des braises), ou en le méprisant (s’agenouiller, se prosterner, s’auto-flageller et même se faire crucifier). De même, les interdits alimentaires vont consister à appliquer des périodes de jeûne ponctuelles ou des interdits permanents (proscription du porc par l’islam et le judaïsme ou du sang dans le bouddhisme et l’hindouisme). Le corps est un lieu où luttent le sacré et le profane : il va être marqué par des tatouages ou des scarifications. Des habits spécifiques vont permettre d’identifier l’appartenance, la fonction ou le degré de piété (les amishs, bouddhistes, juifs, musulmans, sikhs). La pérennité de la communauté ne peut être abandonnée à l’individu, d’où l’existence d’interdictions liées à la sexualité. La divinité peut prendre possession du corps, comme dans les rites vaudou où il devient alors le réceptacle de forces parfois violentes. La possession s’avère négative lorsqu’elle est le fait de forces comme le démonisme, le satanisme, etc.
SECTION 6. CONFLITS ET COEXISTENCE
Cette section pose la question du rôle de la religion dans les conflits : conflits interreligieux, mouvements religieux intégristes qui remettent en question le pouvoir de l’Etat, conflits de civilisations menés au nom de la religion. Une création sonore («Voix») de Cédric Dambrain composée de 150 sons de musiques sacrées du monde donne un contrepoint à la notion de conflits en suggérant la coexistence entre les religions.
SECTION 7. LIEUX
Le sacré peut se définir comme ce qui n’est pas profane. La délimitation de l’espace sacré pour des lieux spécifiquement dévolus à cet usage (naturels ou construits) mais également l’organisation du temps entre jours profanes et jours de fête en sont des exemples éclairants.
SECTION 8. CYCLES
Instituer des jours de fêtes au milieu du temps profane participe à la cohésion sociale du groupe en voulant lier par ce moyen supplémentaire l’humain et le divin. Alors que le polythéisme s’interroge sur les cycles des réincarnations, les trois monothéismes abrahamiques envisagent le temps comme linéaire et se décomposant en trois temps : celui de la création, celui de la connaissance, et celui de la fin du monde ouvrant sur la dimension de l’Eternité.
Une présentation de masques et costumes africains illustrent également le propos. Portés au cours de fêtes, ils montrent les différents enjeux présents dans les rituels. Ils peuvent ainsi répondre à des mythes comme les danses masquées qui servent de passerelles entre le temps sacré et le temps profane (mythes de la création, du chasseur, etc.)
SECTION 9. AU-DELÀ
« Que croyez-vous qu’il va advenir de vous après votre mort ? ». Dans cette installation artistique de Gilles Remiche, huit personnes sont interrogées et proposent leur réponse à cette question selon leur religion ou leur absence de croyances dans le cas de l’athéisme. Ces témoignages, filmés individuellement, restent personnels et renvoient le visiteur à son propre questionnement.