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4 mars 2012 7 04 /03 /mars /2012 03:46

" Le serment de Sibaud "

en voici la version originelle en français.

 

L’histoire vaudoise est marquée par de nombreux massacres comme ceux de 1545 dans le Lubéron ou de 1561 dans le Piémont et des accords qui garantissent une fragile tolérance de cette minorité religieuse comme le traité de Cavour en 1561. Le plus sanglant des massacres en 1655 est connu sous le nom de Pâques piémontaises et en janvier 1686, les mesures de la Révocation française s’appliquent dans le Piémont : des dragonnades frappent les vallées vaudoises jusqu’en 1690.


Une partie des Vaudois exilés en Suisse reviennent dans les vallées : c’est la « glorieuse rentrée », scellée par le Serment de Sibaud (le 11 septembre 1689), et perçue comme une victoire contre l'occupation française. La rupture de l’alliance entre la France et la Savoie assure aux communautés vaudoises une paix, bien que strictement réglementée, pendant un siècle et demi. Il faudra attendre jusqu'en 1848, les Lettres patentes du roi Charles-Albert (duc de Savoie et roi d'Italie), pour que les Vaudois soient reconnus dans leurs droits civils et politiques. Cette date donne lieu à une importante commémoration chaque année à Torre Pellice (lien).

 

Sibaud est une localité de la commune de Bobbio Pellice (haute vallée du torrent Pellice, à l'ouest de Pinerolo. De simples blocs de pierre assemblés, inaugurés  en 1889 lors des célébrations du deuxième centenaire de la “Glorieuse Rentrée", dans un minuscule pré de montagne, rappelle le serment qui eut lieu à l'instigation d'Henri Arnaud, aumônier de l’expédition, qui voyant que les Vaudois retournaient tranquillement chez eux alors qu'une contre offensive franco-piémontaise était possible, sut rassembler la troupe et contraindre soldats et officiers à maintenir l’unité par un serment de fidélité réciproque. Le chant, quant à lui, fut composé à la fin du XIXème siècle.


vaudois_trajet-glorieuse-rentree.gifLevez vos mains au Ciel !
C'est ici que vos pères
ont juré devant Dieu
de ne point le trahir,
de rendre leur autel
à ces grands sanctuaires,
où pour la cause sainte
ils sont venus mourir !


O Dieu du Sinaï, Dieu des premiers chrétiens,
Dieu des martyrs, Dieu de nos pères !
Comme autrefois Jacob,
tu ramènes les tiens
au sein des champs héréditaires.
Ne nous laisse jamais abandonner ta loi,
et combats avec nous,
qui combattons pour Toi !

 

itinéraire de la "Glorieuse rentrée" des Vaudois (1689)

 

Vaudois, par ce serment
le Ciel bénit nos pères,
et dans ces jours encore
est prêt à nous bénir.
Ecrions nous aussi,
joignant nos mains de frères :
aux autels de mon Dieu
je veux vivre et mourir !

" Le prisonnier de Saluces "
Voici un autre hymne, la complainte d'un prisonnier. Il existe plusieurs versions de ce chant ; voir par exemple sur le site de la vallée de la Valdesi (au nord-ouest de Saluces),  lien. Saluces en français, Saluzzo en italien, au sud-ouest de Turin.


vaudois_AnnaCharboniereTortured.jpgA travers le grillage,
je vois de ma prison
reverdir le feuillage,
fleurir le vert gazon

Je vois de ma fenêtre
l’hirondelle accourir.
Le printemps va renaître
Et moi je vais mourir
Et moi je [me] vois mourir

Philomène plaintive
est-ce toi que j'entends ?
Violette craintive
Est-ce toi que je sens ?
La rose aussi peut-être
Déjà songe à s’ouvrir
Le printemps va renaître
et moi je vais mourir,
et moi je [me] vois mourir.

Malgré la double porte,
pour moi close à jamais,
l’écho lointain m’apporte
ce refrain que j’aimais.
La flûte champêtre
déjà songe à s’ouvrir.
Le printemps va renaître,
et moi je vais mourir,
et moi je [me] vois mourir

Sur ce lit de souffrances,
où je suis retombé,
couronné d’espérance,
enfin j’ai succombé.
Un froid mortel pénètre
jusqu'à mes souvenirs.
Le printemps va renaître,
et moi je vais mourir,
et moi je [me] vois mourir.
 

Le martyre d'Anna, fille de Giovanni Charboniere de La Tour.

Illustration datant de 1658, publiée par Samuel Moreland's dans son livre "History of the Evangelical Churches of the Valleys of Piedmont" (p. 345) où il dénonce les atrocités commises contre les vaudois dans le Piémont en 1655. Vue sur Wikipedia (article "Eglise vaudoise").

La nature s’éveille
à la voix de son Dieu ;
présente ses merveilles
à l’aspect de son Dieu.
La vie de tout être
semble se rajeunir.
Le printemps va renaître,
et moi je vais mourir,
et moi je [me] vois mourir.

Sur le bord de la tombe,
je dirige mes pas.
Il faut que je succombe.
A la mort au trépas,
l’agneau content va paraître ;
l’autre se réjouit.
Le printemps va renaître,
et moi je vais mourir,
et moi je [me] vois mourir.

Amis que je regrette
vivez encore longtemps.
Ce que je vous souhaite,
c’est un cœur bien content.
Soyez ce qu’il faut être,
espoir et souvenirs
Le printemps va renaître,
et moi je vais mourir,
et moi je [me] vois mourir.

Prisonnier dans les chaînes
aue mon sort est affreux.
Je sens ma mort prochaine,
adieu, adieu, adieu.
Je m’en vais disparaître
pour ne plus revenir.
Le printemps va renaître,
et moi je vais mourir,
et moi je [me] vois mourir.

 

ndlr. Nous remercions Giacomo Tessaro, chrétien unitarien italien, de nous avoir transmis ces chants vaudois.

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