24 juillet 2009
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J'ai eu l'occasion de découvrir pendant mes vacances un livre passionnant qui remet les pendules à l'heure, en matière d'histoire, de géographie, de religion et de politique : Comment fut inventé le peuple juif par Shlomo Sand (éd. Fayard).
Sand rappelle d'abord que les textes bibliques sur les origines du peuple hébreu (Abraham, Moïse, Josué, Salomon) sont des mythes élaborés à Babylone, ce qui est reconnu par la majorité des historiens. Il n'y a pas eu de sortie d'Egypte, ni d'Exode dans le désert, ni, heureusement, de conquête sanglante d'une Terre soi-disant promise.
Bien que les recherches de Shlomo Sand, historien israélien, ne portent pas directement sur le christianisme, celui-ci est évoqué à de nombreuses reprises, notamment dans sa contribution à l'élaboration du mythe du peuple juif et dans ses rapports conflictuels entre chrétiens et juifs. Il est intéressant de noter que les musulmans ont longtemps été plus tolérants vis à vis des juifs que les chrétiens et cela jusqu'à un passé récent où la tendance s'est inversée.
Mais le plus étonnant, c'est la thèse centrale : il n'y a pas un peuple juif, mais plusieurs peuples de religion juive. Les juifs qui émigrent en Israël depuis soixante ans sont pour la plupart des descendants de juifs de différents peuples convertis soit pacifiquement soit par la force à cette religion (et notamment de Khazars et de Berbères) et non des juifs forcés à l'exil après la destruction du Temple. Après l'écrasement des révoltes juives par les Romains, il n'y a pas eu d'exil et les descendants des Juifs d' il y a deux mille ans sont ... les Palestiniens !
Les sionistes du début du XXème siècle, qui ont été les précurseurs de l'Etat d'Israël et qui étaient souvent agnostiques, le savaient. Même s'ils croyaient être eux-mêmes des descendants du peuple juif, ils espéraient que leurs racines communes avec les Palestiniens, faciliteraient leur intsallation. Des contacts positifs ont d'ailleurs eu lieu entre les premiers colons sionistes et et les Palestiniens, mais aussi des heurts que les Britanniques se sont employés à attiser.
Le livre de Shlomo Sand remet en question les notions de Terre sainte et de Peuple élu. L'auteur établit des faits sur la base de recherches très élaborées et sans aucun esprit de polémique. Humaniste épris de paix dans la justice, il souhaite que son livre contribue à trouver des solutions au conflit entre Israêl et la Palestine, ce qui nécessite la transformation d'Israël en une véritable démocratie qui cesse de faire de sa population arabe-palestinienne des citoyens de seconde zone. Ces propositions, nécessaires pour avancer vers la paix, lui semblent avoir hélas peu de chances d'être entendues.
On trouve un excellent résumé du livre par Shlomo Sand lui-même dans un article du Monde diplomatique, d'août 2008, en accès libre
Sand rappelle d'abord que les textes bibliques sur les origines du peuple hébreu (Abraham, Moïse, Josué, Salomon) sont des mythes élaborés à Babylone, ce qui est reconnu par la majorité des historiens. Il n'y a pas eu de sortie d'Egypte, ni d'Exode dans le désert, ni, heureusement, de conquête sanglante d'une Terre soi-disant promise.
Bien que les recherches de Shlomo Sand, historien israélien, ne portent pas directement sur le christianisme, celui-ci est évoqué à de nombreuses reprises, notamment dans sa contribution à l'élaboration du mythe du peuple juif et dans ses rapports conflictuels entre chrétiens et juifs. Il est intéressant de noter que les musulmans ont longtemps été plus tolérants vis à vis des juifs que les chrétiens et cela jusqu'à un passé récent où la tendance s'est inversée.
Mais le plus étonnant, c'est la thèse centrale : il n'y a pas un peuple juif, mais plusieurs peuples de religion juive. Les juifs qui émigrent en Israël depuis soixante ans sont pour la plupart des descendants de juifs de différents peuples convertis soit pacifiquement soit par la force à cette religion (et notamment de Khazars et de Berbères) et non des juifs forcés à l'exil après la destruction du Temple. Après l'écrasement des révoltes juives par les Romains, il n'y a pas eu d'exil et les descendants des Juifs d' il y a deux mille ans sont ... les Palestiniens !
Les sionistes du début du XXème siècle, qui ont été les précurseurs de l'Etat d'Israël et qui étaient souvent agnostiques, le savaient. Même s'ils croyaient être eux-mêmes des descendants du peuple juif, ils espéraient que leurs racines communes avec les Palestiniens, faciliteraient leur intsallation. Des contacts positifs ont d'ailleurs eu lieu entre les premiers colons sionistes et et les Palestiniens, mais aussi des heurts que les Britanniques se sont employés à attiser.
Le livre de Shlomo Sand remet en question les notions de Terre sainte et de Peuple élu. L'auteur établit des faits sur la base de recherches très élaborées et sans aucun esprit de polémique. Humaniste épris de paix dans la justice, il souhaite que son livre contribue à trouver des solutions au conflit entre Israêl et la Palestine, ce qui nécessite la transformation d'Israël en une véritable démocratie qui cesse de faire de sa population arabe-palestinienne des citoyens de seconde zone. Ces propositions, nécessaires pour avancer vers la paix, lui semblent avoir hélas peu de chances d'être entendues.
On trouve un excellent résumé du livre par Shlomo Sand lui-même dans un article du Monde diplomatique, d'août 2008, en accès libre